560 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
cette caufe dans le globe de la Terre, ne laide pas de
faire une partie aflez confidérable de fa chaleur propre;
& qu’en conféquence il faut encore étendre les limites
des temps pour la durée de la Nature. Mais revenons
à notre principal objet.
Nous avons vu que les étés font à très-peu près
égaux dans tous les climats de la Terre, & que cette
vérité eft appuyée fur des faits inconteftables ; mais il
n’en eft pas de même des hivers, ils font très-inégaux,
& d’autant plus inégaux dans les différens climats, qu’on
s’éloigne plus de celui de l’Équateur, où la chaleur en
hiver & en été eft à peu-près la même. Je crois en
avoir donné la raifon dans le cours de ce Mémoire, &
avoir expliqué d’une manière fatisfàifante la caufe de
cette inégalité, par la fupprefîion des émanations de la
chaleur terreftre. Cette fuppreffion eft, comme je l’ai
dit, occafionnée par les vents froids qui fe rabattent du
haut de l’air, reflerrent les terres, glacent les eaux &
renferment les émanations de la chaleur terreftre pendant
tout le temps que dure la gelée, • en forte qu’il n’eft pas
étonnant que le froid des hivers, foit en effet d’autant
plus grand que l’on avance davantage vers les climats,
où la malfe de l’air recevant plus obliquement les rayons
du Soleil eft par cette raifon la plus froide.
Mais il y a pour le froid comme pour le chaud
quelques contrées fur la Terre qui font une exception
à la règle générale. Au Sénégal, en Guinée, à Angole,
& probablement dans tous les pays où l ’on trouve l ’efpèce
humaine
humaine teinte de noir, comme en Nubie, à la terre des
Papous, dans la nouvelle Guinée, &c. il eft certain que la
chaleur eft plus grande que dans tout le refte de la Terre;
mais c ’eft par des caufes locales, dont nous avons donné
l ’explication dans le troifième volume de cet Ouvrage (e ).
Ainfi dans ces climats particuliers où le vent d’eft règne
pendant toute l’année.,; & pafle avant d’arriver fur une
étendue de terre très-confidérable où il prend une chaleur
brûlante, il n’eft pas étonnant que la chaleur fo trouve plus
grande de y, 6 & même 7 degrés qu’elle ne l’eft par-tout
ailleurs. Et de même les froids pxceffifs de la Sibérie ne
prouvent rien autre chofo, finon que cette partie de la
fùrface du globe eft beaucoup plus élevée que toutes les
terres adjacentes. Les pays A flanques fiptentrionaux, dit le
baron de Strahlenberg, font confidérablement plus élevés que
les Européens, ils le font comme me table l ’ejl en comparaifin
du plancher fur lequel elle eft pofiey car torfquen venant de
l ’oueft ér fortant de la Ruftîe on pajfe à l ’eft par les monts
Riphées èr Rymnïques pour entrer en Sibérie, on avance
toujours plus en montant. qu’en défendant ( f ) . I l y a bien
des plaines en Sibérie, dit M. Gmelin , qui ne font pas moins
élevées au-deftus du refte de la terre, ni moins éloignées de fin
centre, qtie ne le font d ’ajfei hautes montagnes en plufieurs
autres régions ( g ) . Ces plaines de Sibérie paroiffent être
( e ) Voyez l’Hiftoire Naturelle, tome I I I , art. Variétés.de l’efpèce
humaine, page y / 0 & fuivantes.
dÈj Defcription de l’empire Rufîlen, Traduction françoife , tome I. ,
vage 3 2 2 , d’après l’Allemand, imprimée à Stockolm en 1730.
(g) Flora Sibérien, Proef pag. 5 8 & 64.
Supplément. Tome IL B b b b