7 o H i s t o i r e N a t u r e l l e .
en forte que les plus gros grains font à peu-près comme
les géodes ou pierres d’aigle, qui font elles-mêmes des
gros grains de mine de fe r , dont la cavité intérieure eft
très-grande ; ainfi les mines en grains très-menus, font
ordinairement les plus riches ; j ’en ai tiré jufqu’à 49 &
50 par cent de fer en gueufo, & je fois perfoadé que fi
je les avois épurées en entier, j’aurois obtenu plus de
foixante par cent; car il y reftoit environ un cinquième
de fable vitrefcible auffi gros & à peu-près auffi pefant
que le grain, & que je n’avois pu féparer; ce cinquième
déduit fur cent, refte quatre-vingts, dont ayant tiré
cinquante, on auroit par conféquent obtenu foixantc-
deux & demi. On demandera peut-être comment je
pouvois m’affurer qu’il ne reftoit qu’un cinquième de
matières hétérogènes dans la mine, & comment il faut
faire en général pour reconnoître cette quantité : cela
n’eft point du tout difficile; il foffit de pefér exa&ement
une demi-livre de la mine, la livrer enfoite à une petite
perfonne attentive, once par once & lui en faire trier
tous les grains un à un ; ils font toujours très-reconnoif-
fables par leur luifànt métallique; & lorfqu’on les a tous
triés, on pèfo les grains d’un côté & les fàblons de
l ’autre pour reconnoître la proportion de leurs quantités.
Les Métallurgiftes qui ont parlé des mines de fer en
roch e, difènt qu’il y en a quelques-unes de fi riches,
qu’elles donnent 70 & même 7 y & davantage de fer en
gueufo par cent : cela fomble prouver que ces mines en
roche font en effet plus abondantes en fer que les mines
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 7 1
en grain. Cependant j ’ai quelque peine à le croire, &
ayant confulté les Mémoires de feu M. Jars, qui a fait en
Suède des obforvations exaéles for les mines, j ’ai vu que
folon lui les plus riches ne donnent que cinquante pour
cent de fonte en gueufo. J ’ai fait venir des échantillons
de plufieurs mines de Suède, de celles des Pyrénées
& de celles d’Alvard en Dauphiné, que M. le comte
de Baral a bien voulu me procurer, en m’envoyant la
note ci-jointe ( f ) , & les ayant comparées à la balance
hydroftatique avec nos minés en grain, elles fo font à
la vérité trouvées plus pefantes ; mais cette épreuve n’eft
pas concluante, à caufe de la cavité qui fo trouve dans
( f ) « Lia terre d’Alvard eft
compofoe du bourg d’Alvard &
x de cinq paroifîès, dans iefquelles
» il peut y avoir près de lîx mille
» perfonnes toutes occupées, foit
x à l’exploitation des mines, foit
» à convenir les bois en charbon
» & aux travaux des fourneaux,
x forges & (jiartinets ; la hauteur
» des montagnes eft pleine de
» rameaux de mines de fer, & elles
x y font fi abondantes qu’elles
x fourniflent des mines à toute la
x province de Dauphiné. Les
» qualités en font fi fines & fi
x pures, qu’elles ont toujours été
x abfolument néceftàires pour la
x Fabrique royale de canons de
x Saint-Gervais, d’où l’on vient
les chercher à grands frais ; ces «
mines font toutes répandues dans «
le coeur des roches où elles ce
forment des rameaux, & dans ce
lelquelles elles le renouvellent ce
par une végétation continuelle, ce
Le fourneau eft fitué dans le ce
centre des bois & des mines,ce
c’eft 1’ eau qui foufïle le feu , & ce
les courans d’eau font immenlès. ce
I I n ’y a par conféquent aucun ce
foufflet, mais l’eau tombe dans ce
des arbres creufés dans de grands ce
tonneaux, y attire une quantité ce
d’air immenfè qui va par un ce
conduit fouffler le fourneau, ce
l’eau plus pefante s’enfuit par <e
d ’autres conduits. »