1 1 2 H i s t o i r e N a t u r e l l e ..
on ignore beaucoup plus de chofès qu’on n’en lait. Je ne
ferai point ici la defcription anatomique des différentes
parties d’un arbre, cela feroit inutile pour mon deffein,
il me fùffira de donner une idée de la manière dont les
arbres croiffent, & de la façon dont le bois fé forme.
Une femence d’arbre, un gland qu’on jette en terre
au printemps, produit au bout de quelques femaines un
petit jet tendre & herbacé, qui augmente, s’étend, groffit,;
durcit, & contient déjà dès la fin de la première année un
filet de fubflance ligneufe. A l’extrémité de ce petit arbre,
eft un bouton qui s’épanouit l ’année fitivante, & dont il fort
un fécond jet fémblable à celui de la première année, mais
plus vigoureux, qui groffit & s’étend davantage, durcit
dans le même temps, & produit un autre bouton qui
contient le jet de la troifième année, & ainfi des autres
jufqu’à ce que l ’arbre foit parvenu à toute fa hauteur;
chacun de ces boutons efl une efpèce de germe qui
contient le petit arbre de chaque année. L ’accroiffement
des arbres en hauteur fe fait donc par plufieurs productions
femblables & annuelles, de forte qu’un arbre de cent pieds
de haut, eft compofé dans fa longueur de plufieurs petits
arbres mis bout à bout, dont le plus long n’a fbuvent pas
deux pieds de hauteur. Tous ces petits arbres de chaque
année ne changent jamais dans leurs dimenfions, ils
exiftent dans un arbre de cent ans fans avoir groffi ni
grandi, ils font feulement devenus plus folides. Voilà
comment fe fait l’accroiffement en hauteur; l ’accroiffe-
ment en groffeur en dépend. C e bouton qui fait le fommet
du
du petit arbre de la première année, tire fa nourriture à
travers la fiibftance & le corps même de ce petit arbre;
mais les principaux canaux qui fervent à conduire la sève,
fe trouvent entre l’écorce & le filet ligneux; l’aélion de
cette sève en mouvement, dilate ces canaux & les fait
groffir, tandis que le bouton en s’élevant, les tire & les
alonge; déplus, la sève en y coulant continuellement, y
dépofe des parties fixes qui en augmentent la folidité; ainfi
dès la féconde année un petit arbre contient déjà dans fbn
milieu un filet ligneux en forme de cône fort alongé, qui
efl la production en bois de la première année, & une
couche ligneufe auffi conique qui enveloppe ce premier
filet & le furmonte, & qui eft la production de fa
fécondé année. La troifième couche fe forme comme
la fécondé ; il en eft de même de toutes les autres qui
s’enveloppent fucceffivement & continuement; de forte
qu’un gros arbre eft un compofé d’un grand nombre de
cônes ligneux qui s’enveloppent & fe recouvrent tant
que l’arbre groffit ; lorfqu’on vient à l’abattre, on compte
aifement fur la coupe tranfverfàle du tronc le nombre
de ces cônes, dont les feCtions forment des cercles ou
plutôt des couronnes concentriques, & on reconnoît
l ’âge de l’arbre par le nombre de ces couronnes , car
elles font diftinCtement féparées les unes des autres. Dans
un chêne vigoureux, l’épaiffeur de chaque couche ou
couronne, efl de deux ou trois lignes; cette épaiffeur efl
d ’un bois dur & folide, mais la fubflance qui unit enfemble
ces couronnes, dont le prolongement forme les cônes
Supplément. Tome I I . P