cercles annuels groffiroient donc plus à droite qu’à gauche,
& en même temps la partie droite de l’arbre fe transfor-
meroit plus promptement en bois parfait que la partie
gauche, parce qu’en fo diftribuant plus de seve dans la
partie droite que dans la gauche, il fe dépoferoit dans
les interfaces de l’aubier un plus grand nombrede parties
fixes propres à former le bois.
Il nous paroît donc alfez bien prouvé que de plufieurs
arbres plantés dans le même terrein, ceux qui croilfent
plus v ite , ont leurs couches ligneufes plus épailfes, &
qu’en même temps leur aubier fe convertit plutôt en bois
que dans les arbres qui croilfent lentement. Nous allons
maintenant faire voir que les chênes qui font crus dans
les terreins maigres , ont plus d’aubier, par proportion à
la quantité de leur bois, que ceux qui font crûs dans les
bons terreins. Effectivement, fi l’aubier ne fe convertit
en bois parfait qu’à proportion que là sève qui le traverfe
ÿ dépofe des parties, fixes, il eft clair que l’aubier fera
bien plus long - temps à fe convertir en bois dans les
terreins maigres que dans les bons terreins.
C ’eft auffi ce que j ’ai remarqué en examinant des
bois qu’on abattoit. dans une vente, dont le bois étoit
beaucoup meilleur à une de fes extrémités qu’à l’autre,
Amplement parce que le terrein y avoit plus de fonds.
Les arbres qui étoient venus dans la partie où il y
avoit moins de bonne terre, étoient moins gros, leurs
couches ligneufes étoient plus minces que dans les autres,
Hs avoient un plus grand nombre de couches d’aubier,
& même
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 3 2 1
& même généralement plus d’aubier par proportion à la
grolfeur de leur bois ; je dis par proportion au b ois,
car fi on fe contentoit de mefurer avec un compas I’épaif-
feur de l’aubier dans les deux terreins, on le trouveroit
communément bien plus épais dans le bon terrein que
dans l ’autre.
M. de Buffon a fuivi bien plus loin ces obfervations,
car ayant fait abattre dans un terrein fec & graveleux, où
les arbres commencent à couronner à trente ans, un
grand nombre de chênes à médiocres & petits glands,
tous âgés de quarante-fix ans ; il fit auffi abattre autant
de chênes de même efpèee & du même âge dans un
bon terrein, où le bois ne couronne que fort tard. Ces
deux terreins font à une portée de fiifil l’un de l’autre,
à la même expofition, & ils ne diffèrent que par la
qualité & la profondeur de la bonne terre, qui dans
l’un eft de quelques pieds, & dans l ’autre de huit a
neuf pouces feulement. Nous avons pris avec une règle
& un compas les mefùres du coeur & de l’aubier de
tous ces différens arbres, & après avoir fait une Table
de ces mefures, & avoir pris la moyenne entre toutes,
nous avons trouvé :
1,° Q u ’à l’âge de quarante - fix ans , dans le terrein
maigre, les chênes communs 'ou de gland médiocre,
avoient i d’aubier & z H— f de coeur, & les chênes de
petits glands i d’aubier & i -+- de coeur ; ainfi dans
le terrein maigre les premiers ont plus du double de
coeur que les derniers :
Supplément. Tome I I . S f