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au-delà de cette diftance, des efpaces encore plus grands
que l’on peut eftimer par la période du temps de leurs
révolutions. Une Comète qui, comme celle de l’année
1680, circule autour du Soleil en 575 ans, s’éloigne de
cet aftre 1 5 fois plus que Saturne n’en eft diftant ; car
le grand axe de fon orbite eft 138 fois plus grand que
la diftance de la Terre au Soleil. Dès-lors on doit
augmenter encore l ’étendue de la puiflance folaire de
1 y fois la diftance du Soleil à Saturne, en forte que
tout l’efpace dans lequel font comprifes les planètes,
n’eft qu’une petite province du domaine de cet aftre,
dont les bornes doivent être pofées au moins à 138
fois la diftance du Soleil à la Terre, c ’e ft -à -d ir e , à
138 fois 33 ou 34 millions de lieues.
Quelle immenfité d’efpace! & quelle quantité de
matière! car indépendamment des Planètes, il exifte
probablement quatre ou cinq cents Comètes , peut-être
pjus grofles que la Terre, qui parcourent en tous fens
les différentes régions de cette vafte fphère, dont le
globe terreftre ne fait qu’un point, une unité fur 19 1 ,
201 , 6 12 , 9 8 5 , 5 14 , 2 7 2 , 000, quantité, que ces
nombres repréfentent, mais que l’imagination ne peut
atteindre ni faifir. N ’en voilà-t-il pas affez pour nous
rendre, nous, les nôtres, & notre grand domicile,
plus petits que des atomes !
Cependant cette énorme étendue, cette fphère fi
vafte n’eft encore qu’un très-petit efpace dans l ’immenfité
des cieux ; chaque étoile fixe eft un foleil, un centre
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 519
d’une fphère tout aufli vafte ; & comme on en compte
plus de deux mille qu’on aperçoit à la vue fimple, &
qu’avec les lunettes on en découvre un nombre d’autant
plus grand que ces inftrumens font plus puiffans ; l’étendue
de l’Univers entier paroît être fans bornes, & le fyftème
folaire ne fait plus qu’une province de l’empire univerfel
du Créateur, empire infini comme lui.
Sirius, étoile fixe la plus brillante, & que par cette
raifon nous pouvons regarder comme le Soleil le plus
voifin du nôtre, ne donnant à nos yeux qu’une fécondé
de parallaxe annuelle fur le' diamètre entier de l’orbe de
la T erre , eft à 6 7 7 17 70 millions de lieues de diftance
de nous, c ’eft-à-dire, à 67672 16 millions des limites
du fyftème folaire j*’telles que nous les avons aflignées
d’après la profondeur à laquelle s’enfoncent les C o mètes
, dont là période eft la plus longue. Suppofànt
donc qu’il ait été départi à Sirius un efpace égal à celui
qui appartient à notre Soleil, on voit qu’il faut encore
reculer les limites de notre fyftème folaire de 742 fois
plus qu’il ne l’eft déjà jufqu’à l’aphélie de la Comète,
dont l ’énorme diftance au Soleil n’eft néanmoins qu’une
unité fur 742 du demi - diamètre total de la fphère
entière du fyftème folaire (a).
(a) Diftance de la Terre aii Soleil......................... 33 millions dc
Diftance de Saturne au Soleil......................... 313 millions.
Diftance de l’aphélie de la Comète au Soleil. 4554. millions.
Diftance de Sirius au Soleil............... 677 1 7 7 0 millions.
Diftance de Sirius au point de l’aphélie