352 H i s to i r e N a t u r e l l e .
pas rompre les vaifleaux les plus délicats des plantes;
qui rentreront peu à peu dans leur ton naturel, & alors
les plantes n’en fouffriront aucun dommage; mais s’il fe
fait avec trop de précipitation, ces vaifleaux ne pourront
pas reprendre fitôt le ton qui leur eft naturel, après avoir
fouffert une extenflon violente, les liqueurs s’évaporeront
& la plante reliera deflechée.
Quoi qu’on puiffe conclure de cès conjectures, dont
je ne fuis pas à beaucoup près fatisfait, il relie toujours
pour confiant'.
x.° Q u ’il arrive, à la vérité, rarement qu’en hiver ou
au printemps les plantes foient endommagées Amplement
par la grande force de la gelée, & indépendamment
d’aucunes circonftances particulières, & dans ce cas c eft
à l’expofltion du nord que les plantes fouffrent le plus :
2.0 Dans le temps d’une gelée qui dure piuiieurs
jours, l’ardeur du foleil fait fondre la glace en quelques
endroits & feulement pour quelques heures, car fouvent
il regèle avant le coucher du foleil, ce qui forme un
verglas très - préjudiciable aux plantes, & on fent que
l ’expofltion du midi eft plus fujette à cet inconvénient
que toutes les autres :
3.0 On a vu que les gelées du printemps, font principalement
du défordre dans les endroits où il y a de
l ’humidité, les terroirs qui tranfpirent beaucoup, les fonds
des vallées, & généralement tous les endroits qui ne
pourront être deflechés par le vent & le foleil, feront
donc plus endommagés que les autres.
Enfin
PARTIE EXPÉRIMENTALE. 353
Enfin fi au printemps, le foleil qui donne fur les
plantes gelées, leur occafionne un dommage plus confi-
dérable, il eft clair que ce fera l ’expofition du levant, &
enliiite du midi qui fouffriront le plus de cet accident.
Mais, d ira -t-on , fi cela eft, il ne faut donc plus
planter à i ’expofition du midi en h-dos, (qui font des
talus de terre qu’on ménage dans les potagers ou le
long des elpaliers) les giroflées, les choux des avents,
les laitues d’hiver, les pois verts & les autres plantes
délicates auxquelles on veut faire pafler l ’hiver, & que
l’on fouhaite avancer pour le printemps, ce fera à l ’ex-
pofition du nord qu’il faudra dorénavant planter les
pêchers & les autres arbres délicats. II eft à propos
de détruire ces deux objections, & de faire voir qu’ elles
font de faufles conféquences de ce que nous avons
avancé.
On fo propofo différens objets quand on met des
plantes pafler l ’hiver à des abris expoles au midi, quelquefois
c ’eft pour hâter leur végétation ; c ’eft, par
exemple, dans cette intention qu’on plante le long des
elpaliers quelques rangées de laitues, qu’on appelle, a
caulè de cela, desjaitues d ’hiver, qui réfiftent aflez bien à
la gelée quelque part qu’on les mette, mais qui avancent
davantage à cette expofition ; d’autres fois c ’eft pour les
prélèrver de la rigueur de cette faifon, dans I intention
de les replanter de bonne heure au printemps; on luit,
par exemple, cette pratique pour les choux qu on appelle
des avents, qu’on feme en cette faifon le long d’un efpalier.
Supplément. Tome I I . Y y