avant te lever du foleit, ou Amplement en- les- couvrant
avant gîte le foleil eut donné deffus.
Une fois entr’autres, il étoit forvenu en automne une
g e l é e très-forte pendant que nos orangers éioient dehors,
& comme il étoit tombé de la pluie la veille, ils étoient
tous couverts- de verglas ; on leur fauva cet accident en
les couvrant avec des draps avant le foleil levé „ de forte
qu’il n’y eut que les jeunes fruits & les pouffes les plus
tendres qui en lurent endommagés, encore, fommes-nous
perfuadés qu’ils ne l’auroient pas été fi la couverture
avoit été plus épaiffe.
D e même une autre année, nos géranium, & plufieurs
autres plantes qui cidigucut le verglas ». étoient dehors
lorfque tout-à-coup le vent qui étoit fod-ouell fo mit
au nord , & fut fi froid, que toute l’eau d’une pluie
abondante qui tomboit, fe geloit, & dans un inffant tout
ce qui y étoit expofe. fut couvert de glace ; nous- crûmes
toutes nos. plantes perdues, cependant nous les fîmes
porter dans le fond de la forre, & nous fîmes fermer
les croifées-, par ce moyen nous- en eûmes peu d-’en-
dommagées-.
Cette précaution revient affez à ce qu’on pratique
pour les animaux; qu’ils foient tranfis dé froid-, qu’ils
aient un membre gelé, on fe donne bien dé garde de
les ex-pofer à- une chaleur trop- vive, on- les frotte avec
de la neige, ou bien on-les trempe dans de- l’eau-, on'
lës enterre dans du fumier, en un mot, on les réchauffe
par degrés & avec ménagement.
D e même fi l ’on fait dégeler trop précipitamment
des fruits, ils fe pourriffent à fondant, au lieu qu’ils
fouffrent beaucoup moins de dommage fi on tes fait
dégeler peu à peu.
Pour expliquer comment le foleil produit tant de
défordres for les plantes gelées, quelques-uns avoient
penfé que la glace en fe fondant, fè réduifoit en petites
gouttes d’eau fphériques, qui faifoient autant de petits
miroirs ardens quand le foleil donnoi-t deffus ; mais
quelque court que foit le foyer d’une loupe, elle ne
peut produire de chaleur qu’à une diflance, quelque
petite qu’elle foit, & elle ne pourra pas produire un
grand effet for un corps qu’elle touchera; d ’ailleurs la
goutte d’eau qui eft for la feuille d’une plante, efl aplatie
du côté qu’elle touche à la plante, ce qui éloigne fon
foyer. Enfin fi ces gouttes d’eau pouvoient produire cet
effet, pourquoi les gouttes de rofée qui font pareillement
fphériques, ne le produiroient-elles pas aufîi ! peut-être
pourroit-on penfer que les parties les plus fpiritueufes &
les plus volatiles de la sève fondant les premières, elles
feroient évaporées avant que les autres fuffent en état de
fe mouvoir dans les vaiffeaux de la plante, ce qui dé-
compoferoit la sève.
Mais on peut dire en général que la gelée augmentant
le volume des liqueurs, tend les vaiffeaux des plantes,
& que le dégel ne fe pouvant faire fans que les parties
qui compofent le fluide gelé entrent en mouvement ; ce
changement fe peut faire avec affez de douceur pour ne