qui s’eft trouvée peler 48 livres 4 onces après avoir été
refroidie. Mais ayant mis auparavant cette pièce encore
toute rouge dans le même lieu obfcur, elle n'a celle de
paroître rouge à fa furface qu’au bout de 4 6 minutes, y
compris les 6 premières. Ayant enfuite frit l’épreuve avec
la poudre à tirer qui n’a celfé de s’enflammer avec
explofion que 2 6 minutes après les 4 6 , il en rélùlteque
l ’incandefcence intérieure & totale a duré 72 minutes.
En comparant enfemble ces trois expériences, on peut
conclure que la durée de l ’incandefoence totale eft comme
celle de la prifo de confiftance proportionnelle à l ’épaif-
feur de la matière. Car la première loupe qui avoit 8
pouces d’épaifleur, a conforvé fon incandefcence pendant
140 minutes : la fécondé qui avoit 6 pouces d’épaifleur ,
l ’a confervée pendant 1 oy minutes ; & la troifième qui
n’avoit que 4 pouces, ne l ’a confervée que pendant 7 a
minutes. O r , io y : 140 : : 6 : 8 , & de même 72 : 140
à peu-près : : 4 : 8 , en forte qu’il paroît y avoir même
rapport entre les temps qu’entre les épaifleurs.
4. Pour m’aflurer encore mieux de ce frit important,
j ’ai cru devoir répéter l’expérience fur une loupe, prife
comme la précédente, au fortir de la chaufferie. On l’a
portée toute enflammée fous le marteau, la flamme a
cefle au bout de 6 minutes, & dans ce moment on *a
cefle de fr battre ; on l’a mifo tout de foite dans le
même lieu obfour, le rouge n’a cefle qu’au bout de 39
minutes, ce qui donne 4 y minutes pour les deux états
d’incandefcence à la forface ; enfuite la poudre n’a cefle
de s’enflammer avec explofion qu’au bout de 28 minutes,
ainfi l’incandefcence intérieure & totale a duré 73 minutes.
Or cette pièce avoit comme la précédente 4 pouces jufte
d’épaifleur, fur deux faces en quarré, & 1 o pouces ~ de
longueur; elle pefoit 39 livres 4 onces après avoir été
refroidie.
Cette dernière expérience s’accorde fi parfaitement
avec celle qui la précède & avec les deux autres , qu’on
ne peut pas douter qu’en général la durée de l’incandef-
cence ne foit à très-peu près proportionnelle à l’épaifleur
de la mafle, & que par conféquent ce grand degré de feu
ne fitive la même loi que celle de la chaleur médiocre ;
en forte que dans des globes de même matière, la chaleur
ou le feu du plus haut degré, pendant tout le temps de
l ’incandefcence, s’y confondent & y durent précifément
en raifon de leur diamètre. Cette vérité que je voulois
acquérir & démontrer par le fait, femble nous indiquer
que les caufos cachées (caufæ latentes) de Newton, def-
quelles j ’ai parlé dans le premier de ces Mémoires, ne
s’oppofont que très-peu à la fortie du feu, puilqu’elle fo
fait de la même manière que fi les corps étoient entièrement
& parfaitement perméables , & que rien ne s’oppofât
à fon iflue. Cependant on feroit porté à croire que plus la
même matière eft comprimée , plus elle doit retenir de
temps le feu; en forte que la durée de l’incandefoence
devrait être alors en plus grande raifon que celle des
épaifleurs ou des diamètres. J ’ai donc eflayé de re-
çonnoître cette différence par l ’expérience fuivante.