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quoiqu’il y fafle' moins froid qu’à celle du nord, & die
même la gelée caufe plus de dommage à l’expofition du
couchant qu’à toutes les autres, quant après une pluie
du vent d’ouefl, le vent tourne au nord vers le foleil
couché, comme cela arrive affez fréquemment au printemps
, ou quand par un vent d’efl il s’élève un brouillard
froid avant le lever du foleil, ce qui n’efl pas fi ordinaire.
II y a auffi des. circonflances où la gelée fait plus de
tort à l ’expofition du levant qu’à toutes les autres ; mais
comme nous avons plufieurs obfervations fur cela, nous
rapporterons auparavant celle que nous avons faite fur la
gelée du printemps de 1 7 3 6 , qui nous a frit tant de tort
l ’année dernière. Comme il frifoit très-fèc ce printemps,
il a gelé fort long-temps fans que cela ait endommagé les
vignes ; mais il n’en étoit pas de même dans les forêts,
apparemment parce qu’il s’y confèrve toujours, plus d’humidité
qu’ailleurs ; en Bourgogne, de même que dans la
forêt d’Orléans, les taillis furent endommagés de fort
bonne heure. Enfin la gelée augmenta fi fort, que toutes .les
vignes frirent perdues malgré la féchereffe qui continuoit
toujours ; mais au lieu que c ’efl ordinairement à l ’abri du
vent que la gelée fait plus de dommage, au contraire dans,
le printemps dernier les endroits abrités ont été les fèuls
qui aient été confèrvés, de forte que dans plufieurs clos
de vignes entourés de murailles, on voyoit les fouches
le long de l ’expofition du midi être affez vertes, pendant
que toutes les autres étoient sèches comme en hiver,
& nous avons eu deux cantons de vignes d’épargnés, l’un
parce qu’il étoit abrité du vent du nord par une pépinière
d’ormes, & l ’autre parce que la vigne étoit remplie de
beaucoup d’arbres fruitiers.
Mais cet effet efl très-rare, & cela n’efl arrivé qué
parce qu’il frifoit fort fe c , & que les vignes ont réfifté
jufqu’à ce que la gelée foit devenue fi forte pour la
faifon, qu’elle pouvoir endommager les plantes indépendamment
de l’humidité extérieure ; & comme nous
l ’avons dit, quand la gelée endommage les plantes indépendamment
de cette humidité, & d’autres circonflances
particulières, c ’efl à l ’expofition du nord qu’elle frit le
plus de dommage, parce que c ’efl à cette exDofo;^"
qu’il fait plus de froid.
Mais il nous femble encore apercevoir une autre caufe
’des défordres que la gelée produit plus fréquemment à
des expofitions qu’à d’autres, au levant, par exemple,
plus qu’au couchant; elfe efl fondée fur l ’obfervation
fuivante, qui efl aulïi confiante que les précédentes.
Une gelée affez vive ne caufe aucun préjudice aux
plantes , quand elle fond avant que le foleil les ait
frappées; qu’il gèle la nuit, fi le matin le temps efl
couvert, s’il tombe une petite pluie, en. un mot, fi
par quelque caufe que ce puiffe être , la glace fond
doucement & indépendamment de l ’aétion du foleil,
ordinairement elle ne les endommage pas ; & nous avons
fouvent fauvé des plantes affez délicates qui étoient par
hafard refiées à la gelée, en les rentrant dans la ferre