fait la meme expérience fur des planches mifès les unes
contre les autres, & je les rapporterai dans la fuite, ne
voulant point interrompre ici l’ordre des temps de mon
travail, parce qu’il me paroît plus naturel de donner les
chofes comme on les a faites.
Les expériences precedentes ont fervi à me guides
pour celles qui doivent fuivre ; elles m’ont appris qu’il y a
une différence confidérable entre la pefanteur & la force
du bois dans un même arbre, félon que ce bois efl pris
au centre ou à la circonférence de l ’arbre; elles m’ont
fait voir que la fituation des couches ligneufés, fàifoit
varier la réfiftance de la même pièce de bois. Elles m’ont
encore appris que le nombre des couches ligneufés influe
fur la force du bois, & dès-lors j ’ai reconnu que les
tentatives qui ont ete faites jufqu’à préfènt fur cette matière,
font infoffifàntes pour déterminer la force du bois ; car
toutes ces tentatives ont ete faites fur des petites pièces
d un pouce ou un pouce & demi d’équarriffage, & on a
fondé fur ces expériences, le calcul des tables qu’on nous
a données pour la refiftance des poutres, fblives & pièces
de toute groffeur & longueur, fans avoir fait aucune des
remarques que nous avons énoncées ci-defTiis.
Après ces premières connoiffances de la force du bois;
qui ne font encore que des notions affez peu complètes,
j ’ai cherché à en acquérir de plus précifes; j ’ai voulu
m affurer d’abord fi de deux morceaux de bois de même
longueur & de meme figure, mais dont le premier étoit
double du fécond pour la groffeur ; le premier ayoit une
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 1 4 1
réfiflance double, & pour cela j ’ai choifi plufieurs morceaux
, pris dans les mêmes arbres & à la même diflance
du centre, ayant le même nombre d’années, fitués de la
même façon, avec toutes les circonflances néceffairès
pour établir une jufle comparaifon.
J ’ai pris à la même diflance du centre d’un arbre,
quatre morceaux de bois parfait, chacun de z pouces
d’équarriffage, fur i 8 pouces de longueur ; ces quatre
morceaux ont rompu fous 3226, 3062, 2983 & 2890
livres, c ’e fl-à -d ir e , fous la charge moyenne de 304.0
livres. J ’ai de même pris quatre morceaux de 1 y lignes,
foibles d ’équarriflage, fur la même longueur, ce qui fait à
très-peu près la moitié de groffeur des quatre premiers
morceaux, & j ’ai trouvé qu’ils ont rompu fous 130 4 ,
12 7 4 , 1331 , 1198 livres, c ’efl-à-dire, au pied moyen ,
fous 12 y 2 livres. Et de même j ’ai pris quatre morceaux
d’un pouce d’équarriffage, for la même longueur de 18
pouces, ce qui fait le quart de groffeur des premiers, &
j’ai trouvé qu’ils ont rompu fous y z6, 5 1 7 , 500, 496
livres, c ’efl-à-dire, au pied moyen, fous y 10 livres.
Cette expérience fait voir que la force d’une pièce n’eft
pas proportionnelle à fa groffeur, car ces groffeurs. étant
1 , 2 , 4 , les charges devroient être y 10, 1020, 2040,
au lieu qu’elles font en effet y 10, 12 y 2, 3040, ce qui eft
fort différent, comme l ’avoient déjà remarqué quelques
Auteurs qui ont écrit fur'la jéfiflance des folides.
J ’ai pris de même plufieurs barreaux d’un pied, de 18
pouces, de 2 pieds & de 3 pieds de longueur, pou?