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pénétroit guère que d’un demi-pouce, & à la face
oppofée une tache large d’un pouce, d’un bois plus
brun que le relie. Comme ces défauts ne me parurent
pas confidérables, je la fis pefer & charger, elle pefoit
7 y livres ; on la chargea en une heure cinq minutes de
8500 livres, après quoi elle craqua aflez violemment; je
crus qu’elle alloit calTer quelque temps après avoir craqué,
comme cela arrivoit toujours, mais ayant eu la patience
d ’attendre trois heures, & voyant qu’elle ne bailïoit ni ne
plioit, je continuai à la faire charger, & au bout d’une
autre heure elle rompit enfin, après avoir craqué pendant
une demi-heure fous la charge de 12745 livres. Je n’ai
rapporté le détail de cette épreuve, que pour faire voir
que cette folive auroit porté davantage fans les petits
défauts qu’elle avoit à deux de fes faces.
Une folive toute pareille, tirée d’un pied d’un des
arbres en écorce, ne fo trouva peler que 72 livres ; elle
étoit très-faine & fans aucun défaut, on la chargea en une
heure trente - huit minutes, après quoi elle craqua très-
légèrement, & continua de craquer de quart-d’heure en
quart-d’heure pendant trois heures entières, & rompit au
bout de ce temps fous la charge de 11889 livres.
Cette expérience efl très-avantageufo au bois écorcé,
car elle prouve que le bois du deffus de la tige d’un arbre
écorcé, même avec des défauts alfez confidérables, s’elt
trouvé plus pelant & plus fort que le bois tiré du pied
d’un autre arbre non écorcé, qui d’ailleurs n’avoit aucun
défaut ; mais ce qui fuit elt encore plus favorable.
De
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 193
D e l’aubier d’un de mes arbres écorcés, j ’ai fait tirer
plufieurs barreaux de 3 pieds de longueur, for un pouce
d’équarrilfage, entre lelquels j ’en ai choifi cinq des plus
parfaits pour les rompre ; le premier pefoit 23 onces— , &
rompit fous 287 livres; le fécond pefoit 23 onces &
rompit fous 291 livres j ; le troifième pefoit 2 3 onces y j ,
& rompit fous 275 livres ; le quatrième pefoit 23 onces j j ,
& rompit fous 291 livres, & le cinquième pefoit 23
onces j j , & rompit fous 291 livres j . Le poids moyen
efl àpeu-près 23 onces j j , & la charge moyenne à peu-
près 287 livres. Ayant fait les mêmes épreuves for
plufieurs barreaux d’aubier d’un des chênes en écorce,
le poids moyen fe trouva de 23 onces & fa charge
moyenne de 248 livres ; & enfoite ayant fait aulfi la
même choie for plufieurs barreaux de coeur du même
chêne en écorce, le poids moyen s’ell trouvé de 2 y
onces jj, & la charge moyenne de 2y6 libres.
Ceci prouve que l’aubier du bois écorcé, efl non-
feulement plus fort que l ’aubier ordinaire, mais même
beaucoup plus que le coeur de chêne non écorcé, quoiqu’il
foit moins pelant que ce dernier.
Pour en être plus for encore, j ’ai fait tirer de l ’aubier
d’un autre de mes arbres écorcés, plufieurs petites folives
de 2 pieds de longueur, fur 1 pouce j d’équarriffage, entre
lefquels je ne pus en trouver que trois d’alTez parfaites
pour les foumettre à l’épreuve. La première rompit fous
1294 livres ; la fécondé fous 1219 livres ; la troifième fous
1 2 4 7 livres, c ’efl-à-dire, au pied moyen fous 1233 livres:
Supplément. Tome I I B b