j 9 4 Histoire Naturelle.
mais de plufieurs foiives femblables que je tirai de l ’aubier
d’un autre arbre en écorce, le pied moyen de la charge
ne fe trouva que de 997 livres, ce qui fait une différence
encore plus grande que dans l’expérience précédente.
D e l’aubier d’un autre arbre écorcé & feché fur pied,
j ’ai fait encore tirer .plufieurs barreaux de 2 pieds de
longueur, fur 1 pouce d’équarriffage, parmi lefquels j ’en
ai choifi fix, qui, au pied moyen, ont rompu fous la
charge de y o i livres; & il n’a fallu que 3^3 livres au
pied moyen pour rompre plufieurs foiives d’aubier d’un
arbre en écorce qui portoit la même longueur & le même
équarriffage ; & même il n’a fallu que 379 livres au pied
moyen, pour rompre plufieurs foiives de coeur de chêne
en écorce.
Enfin de l’aubier d’un de mes arbres écorcés, j’ai fait
tirer plufieurs barreaux d’un pied de longueur, fur un
pouce d’équarriffage, parmi lefquels j ’en ai trouvé dix-fopt
affez parfaits pour être mis à l ’épreuve ; ils pefoient 7
onces y|- au pied moyen, & il a fallu pour les rompre la
charge de 798 livres ; mais le poids moyen de plufieurs
barreaux d’aubier, d’un de mes arbres en écorce, n’ étoit
que de 6 onces yj-, & la charge moyenne qu’il a fallu
pour les rompre de 629 livres ; & la charge moyenne
pour rompre de femblables barreaux de coeur de chêne
en écorce, par huit différentes épreuves, s’efl trouvée
de 73 1 livres. L ’aubier des arbres écorcés & féchés fur
pied, efl donc confidérablement plus pefant que l ’aubier
des bois ordinaires, & beaucoup plus fort que le coeur
Partie expérimentale. 1 9 5
même du meilleur bois. Je ne dois pas oublier de dire
que j’ai remarqué en faifànt toutes ces épreuves, que la
partie extérieure de l’aubier étoit celle qui réfiftoit davantage;
en forte qu’il fàlloit conflamment une plus grande
charge pour rompre un barreau d’aubier pris à la dernière
circonférence de l ’arbre écorcé, que pour rompre un
pareil barreau pris au-dedans. Cela efl tout-à-fàit contraire
à ce qui arrive dans les arbres traités à l’ordinaire, dont
le bois efl plus léger & plus foible à inefure qu’il efl le
plus près de la circonférence. J ’ai déterminé la proportion
de cette diminution , en pefant à la balance hydroflatique
des morceaux du centre des arbres, des morceaux de la
circonférence du bois parfait, & des morceaux d’aubier;
mais ce n’efl pas ici le lieu d’en rapporter le détail, je
me contenterai de dire que dans les arbres écorcés, la
diminution de folidité du centre de l’arbre à la circonférence
, n’efl pas à beaucoup près auffi fonfible, & qu’elle
ne l’efl même point du tout dans l’aubier.
Les expériences que nous venons de rapporter, font
trop multipliées pour qu’on puiffe douter du fait qu’elles
concourent à établir, il efl donc très-certain que le bois
des arbres écorcés & fechés for pied efl plus dur, .plus
folide, plus pefant, & plus fort que le bois des arbres
abattus dans leur écorce; & de-là je penfè qu’on peut
conclure qu’il efl auffi plus durable. Des expériences
immédiates for la durée du bois feroient encore plus
concluantes ; mais notre propre durée efl fi courte,
qu’il ne feroit pas raifonnable de les tenter ; il en efl
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