z y o H i s t o i r è N a t u r e l l e .
orangers, de matières toutes différentes ; la première de
glaife bleue, la fécondé de graviers gros comme des
noifettes, la troifième de glaife couleur d’orange, la quatrième
d’argile blanche, la cinquième de fable blanc , & la
fixième de fumier de vache bien pourri. J ’ai femé dans
chacune de ces caiffes un nombre égal de glands, de
châtaignes & de graines de frênes, & j ’ai laifle les caiffes
à l’air fans les foigner & fans les arrofèr ; la graine de
frêne n’a levé dans aucune de ces terres, les châtaignes
ont levé & ont vécu, mais fans faire de progrès dans la
caiffe de glaife bleue. A l ’égard des glands, il en a levé
une grande quantité dans toutes les caiffes, à l’exception
de celle qui contenoit la glaife orangée qui n’a rien
produit du tout. J ’ai obfervé que les jeunes chênes qui
avoient levé dans la glaife bleue & dans l ’argile, quoiqu’un
peu effilés au fomrnet, étoient forts & vigoureux
en comparaifbn des autres ; ceux qui étoient dans le
fumier pourri, dans le fable & dans le gravier, étoient
foibles, avoient la feuille jaune & paroiffoient languiffans.
En automne, j’en fis enlever deux dans chaque caiffe,
l ’état des racines répondoit à celui de la tige, car dans
les giaifès la racine étoit forte, & n’étoit proprement
qu’un pivot gros & ferme, long de trois à quatre pouces,
qui n’avoit qu’une ou deux ramifications. Dans le gravier
au contraire & dans le fable, la racine s’étoit fort alongée,
& s’étoit prodigieufèment divifée, elle reffembloit, fi je
puis m’exprimer ainfi, à une longue coupe de cheveux.
Pans le fumier, la racine n’ayoit guère qu’un pouçe ou
deux de longueur, & s’étoit divifée| dès fa naiffance,
en deux ou trois cornes courtes & foibles. Il efl aifé.de
donner les raifbns .de ces différences, mais je ne veux
ici tirer de cette expérience qu’une vérité utile, c ’eft
que le gland peut venir dans tous les terreins. Je ne
diffimulerai pas cependant que j’ai vu dans plufieurs provinces
de France, des terreins d’une vafte étendue,
couverts d’une petite efpèce de bruyère, où je n’ai pas
vu un chêne, ni aucune autre efpèce d’arbres ;. la terre
de ces cantons efl légère comme de la cendre noire,
poudreufe, fans aucune liaifon. J ’ai fait ultérieurement
des expériences fur ces efpèces de terres, que je rapporterai
dans la fuite de ce Mémoire, & qui m’ont convaincu
que fi les chênes n’y peuvent croître, les pins, les fapins,
& peut-être quelques autres arbres utiles peuvent y venir.
J ’ai élevé de graine, & je cultive aéluellement une grande
quantité de ces arbres, j ’ai remarqué qu’ils demandent
un terrein femblable à celui que je viens de décrire. Je
fuis donc perfuadé qu’il n’y a point de terrein, quelque
mauvais, quelqu’ingrat qu’il paroiffe, dont on ne pût
tirer parti, même pour planter des bois; il ne s’agiroit
que de connoître les efpèces d’arbres qui conviendraient
aux différens terreins.
A R T I C L E IV.
Sur la culture & l’exploitation des forêts.
D an s les Arts qui font de néceffité première, tels
que l’Agriculture, les hommes, même les plus greffiers,