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du froid ; d'ailleurs elle eft expofée au vent de nord
de nord-eft & de nord-oueft, qui font les plus froids
de tous, non-feulement à en juger par les effets que
ces vents produifent ftir nous, mais encore par la liqueur
des thermomètres dont la décifion eft bien plus certaine.
Auiïi voyons-nous le long de nos elpaliers, que la
terre eft fouvent gelée & endurcie toute la journée au
nord, pendant qu'elle eft meuble.,:*& qu’on la peut
labourer au midi.
Quant après cela il luccède une forte gelée pendant
la nuit, il eft clair qu’il doit faire bien plus froid dans
l ’endroit où il y a déjà de la glace, que dans celui où
la terre aura été échauffée par le foleil; c ’eft auffi pour
cela que même dans les pays chauds, on trouve encore
de la neige à l’expofition du nord, ftir les revers des
hautes montagnes ; d’ailleurs la liqueur du thermomètre
fe tient toujours plus bas à l ’expofition du nord qu’à
celle du midi, ainfi il eft inconteftable qu’il y fait plus
froid & qu’ il y gèle plus fort.
En faut-il davantage pour faire conclure que la gelée
doit faire plus de détordre à cette expofition qu’à celle
du midi î & on fe confirmera dans ce fentiment par
l ’oblèrvation que nous avons faîte de la gelivure fimple,
que nous avons trouvée en plus grande quantité à.cette
expofition qu’à toutes les autres.
Efîèélivement, il eft fur que tous les a*:cidens qui
dépendront uniquement de la grande force de la gelée,
tels que celui dont nous venons de parler, fè trouveront
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plus fréquemment à l’expofition du nord que par-tout
ailleurs. Mais eft-ce toujours la grande force de la gelée
qui endommage les arbres, & n’y a-t-il pas des accidens
particuliers qui font qu’une gelée médiocre leur caulè
beaucoup plus de préjudice que ne font les gelées
beaucoup plus violentes quand elles arrivent dans des
circonftances heureufes !
Nous en avons déjà donné un exemple en parlant de
la gelivure entrelardée qui eft produite par le verglas,
& qui fe trouve plus fréquemment à l’expofition du midi
qu’à toutes les autres , & l ’on fe iouvient bien encore
qu’une partie des défordres qu’a produits l’hiver de 1709,
doit être attribuée à un faux dégel qui fut fuivi d’une
gelée encore plus forte que celle qui l’avoit précédé ;
mais les obfervations que nous avons faites fur les effets
des gelées du printemps, nous fourniffent beaucoup
d’exemples pareils, qui prouvent inconteftablement que
ce n’eft pas aux expofitions où il gèle le plus fort, &
où il fait le plus grand froid, que la gelée frit le plus
de tort aux végétaux ; nous en allons donner le détail
qui va rendre fenfible la propofition générale que nous
venons d’avancer, & nous commencerons par une expérience
que M. de Buffon a frit exécuter en grand dans
fe s bois, qui font fitués près de Montbard en Bourgogne.
11 a frit couper dans le courant de l’hiver 1 7 3 4 , un
bois taillis de fept à huit arpens, fitué dans un lieu fec ,
ftir un terrein plat, bien découvert & environné de tous
côtés de terres labourables. 11 a laillé dans ce même