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C e raifonnement paroît être confirmé par une autre
obfervation, c ’efi que les arbres réfineux, comme ie
fapin, font rarement endommagés par les grandes gelées,
ce qui peut venir de ce que leur sève eft réfineufe; car
on fait que les huiles ne gèlent pas parfaitement, &
qu’au lieu d’augmenter de volume à la gelée, comme
l ’eauj elles en diminuent lorfqu’elles fe figent (a).
A u relie, nous avons fcié plufieurs arbres attaqués
de cette maladie, & nous avons prefque toujours trouvé
fous la cicatrice proéminente dont nous avons parle, un
dépôt de sève ou du bois pourri, & elle ne le dillingue
de ce qu’on appelle dans les forêts des abreuvoirs ou des
gouttières, que parce que ces défauts qui viennent d’une
altération des fibres ligneufes qui s’ell produite intérieurement,
n’a occafionné aucune cicatrice qui change la
forme extérieure des arbres, au lieu que les gelivures
qui viennent d’une gerçure qui s’ell étendue à l’extérieur,
& qui s’ell enluite recouverte par une cicatrice, forment
ta ) M. Haies, ce favant Ob-
fervateur, qui nous a tant appris
de choies fur la ve'gétation, dit
dans Ion livre de la Statique des
végétaux, page 1 p , que ce font
les plantes qui tranfpirent le moins,
qui réfiftent le mieux au froid des
hivers, parce qu’elles n’ont befoin
pour fe conlêrver, que d’une très-
petite quantité de nourriture. Ij
prouve dans le même endroit, que
les plantes qui confervent leurs
feuilles pendant l’hiver , font celles
qui tranlpirent le moins; cependant
on fait que l’oranger, le myrte, &
encore plus le jafrnin d’Arabie, &c.
font très-fenfibies à la gelée, quoique
ces arbres confervent leurs
feuilles pendant l’hiver; il faut donc
avoir recours à une autre caule
pour expliquer pourquoi certains
arbres, qui ne fe dépouillent pas
pendant l’hiver, fupportent li bien
les plus fortes gelées.
Part i e e x p é r imen t a l e . 339
une arête ou une éminence en forme de corde qui
annonce le vice intérieur.
Les grandes gelées d’hiver, produifent fans doute
bien d’autres dommages aux arbres, & nous avons
encore remarqué plufieurs defauts que nous pourrions leur
attribuer avec beaucoup de vrailëmblance ; mais comme
nous n’avons pas pu nous en convaincre pleinement,
nous n’ajouterons Vien à ce que nous venons de dire,
& nous palferons aux obfervations que nous ayons faites
for les effets des gelées du printemps, après avoir dit
un mot des avantages & des délàvantages des differentes
expofitions par rapport à la gelée ; car cette queltion ell
trop intérelfante à l’Agriculture, pour ne pas elfayer de
l ’éclaircir, d’autant que les auteurs fe trouvent dans des
oppofitions de fentimens plus capables de faire naître
des doutes, que d’augmenter nos connoiffances, les uns
prétendent que la gelée fe fait fentir plus vivement a
l’expofition du nord, les autres voulant que ce foit a
celle du midi ou du couchant', & tous ces avis ne font
fondés fur aucune obfervation. Nous fentons cependant
bien ce qui a pu partager ainfi les fentimens, & c ’eft ce
qui nous amis à portée de les_conciIier. Mais avant que
de rapporter les obfervations & les expériences qui nous
y ont conduits ; il ell bon de donner une idee plus
exaéte de la quellion.
II n’eft pas douteux que c ’ell à I’expofition du nord
qu’il fait le plus grand froid, elle ell à 1 abri du foleil,
qui peut feul dans les grandes gelées tempérer la rigueur
U u ij