528 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
puifle rendre l’air fluide, l’eau liquide, & la Terre pé-
nétrable, n’auroit-il été donné qu’au feul globe terreflre !
L ’analogie nous permet-elle de douter que les autres
planètes ne contiennent de même une quantité de chaleur
qui leur appartient en propre, & qui doit les rendre
capables de recevoir & de maintenir la Nature vivante!
N ’eft-il pas plus grand, plus digne de l’idée que nous
devons avoir du Créateur, de penfer que par-tout il
exifte des êtres qui peuvent le connoître & célébrer
û gloire, que de dépeupler l’Univers, à l’exception de
la T e r re , & de le dépouiller de tous êtres fenfrbles, en
le réduifant à une profonde folitude, où l’on ne trouverait
que le défert de l’efpace, & les épouvantables
mafles d’une matière entièrement inanimée !
II eft donc néceflaire, puifque la chaleur du Soleil
eft fi petite fur la Terre & fur les autres planètes , que
toutes pofsèdent une chaleur qui leur appartient en
propre, & nous devons rechercher d’ou provient cette
chaleur qui feule peut conftituer l’élément du feu dans
chacune des planètes. O r , où pourrons-nous puifer
cette grande quantité de chaleur, fi ce n’eft dans la
fource même de toute chaleur, dans le Soleil lèul, de
la matière duquel les planètes ayant été formées &
projetées par une feule & même impulfion , auront
toutes conlèrvé leur mouvement dans le même fens,
& leur chaleur à proportion de leur groflèur & de leur
denfité. Quiconque pèlera la valeur de ces analogies
& fentira la force de leurs rapports, ne pourra guère
douter
P artie h y p o t h é t i q u e . 529
douter que les planètes ne foient ilfues & forties du
Soleil, par le choc d’une Comète , parce qu’il n’y a dans
le lÿflème folairë que les Comètes qui foient des corps
aflez pui'flans & en alfez grand mouvement, pour pouvoir
communiquer une pareille impulfion aux mafles de matière
qui compolènt lès planètes. Si l’on reunit a tous
les faits fiir lefquels j’ai fondé cette hypothelè ( b ) , le
bouveau fait de la chaleur propre de la T erre & de
l ’inluffilànce de celle du Soleil pour maintenir la Nature,
on demeurera perlùadé, comme je le luis, que dans le
temps de leur formation, les Planètes & là Terre etoient
dans un état de liquéfaction, enluite dans un état d in-
candefcence, & enfin dans un état lùccelfif de chaleur,
toujours décroiflânte depuis l’incandelcence jufqu à la
température actuelle.
Car y a-t-il moyen de concevoir autrement l’origine
& la durée de cette chaleur propre de la Terre ! comment
imaginer que le feu qu’on appelle central', pût lùbfilter
en effet au fond du globe fans air, c’ c lt -à -d ir e , fans
fon premier aliment ; & d’où viendrait ce feu qu on
fuppofe renfermé dans le centre du globe, quelle fource,
quelle origine pourra-t-on lui trouver ! Defcartes avoit
déjà peïifé que la Terre & les Planètes n’étoient que
de petits Soleils encroûtés, c’elt-à-dire, éteints. Leibnitz
n’a pas héfité à prononcer que le globe terreflre devoit
là forme & la confiftance de lès matières a 1 element du
/bj Voyez dans le premier volume de cet Ouvrage , 1 article qui a
pour titré : De Information des Planètes.
Supplément. Totne IL X x x