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plus d’humide radical, & je le trouvai d’une très-grande
dureté, tant en dehors qu’en dedans. Je fis abattre le
dernier quelque temps après, & je les fis conduire tous
deux au hangar, pour être mis avec les autres à un nouveau
genre d’épreuve.
Pour mieux comparer la force du bois des arbres
écorcés avec celle du bois ordinaire, j’eus foin de mettre
enjfembfe chacun des fix chênes que j’avois fait amener
en grume, avec un chêne écorcé, de même groffeur à
peu-près ; car j’avois déjà reconnu, par expérience, que
le bois dans un arbre d’une certaine groffeur, étoit plus
pefant & plus fort que le bois d’un arbre plus petit,
quoique de même âge. Je fis fcier tous mes arbres par
pièces de quatorze pieds de longueur; j’en marquai les
centres au-deffus & au - defious ; je fis tracer aux deux
bouts de chaque pièce, un quarré de 6 pouces & je
fis fcier & enlever les quatre faces, de forte qu’il ne me
refia de chacune de ces pièces , qu’une folive de 14 pieds
de longueur, fur 6 pouces très-jufte d’équarriffage. Je
les fis travailler à la varlope, & réduire avec beaucoup
de précaution à cette mefore dans toute leur longueur,
& j ’en fis rompre quatre de chaque efpèce, afin de
reconnoître leur force, & d’être bien alluré de la grande
différence que j’y trouvai d’abord.
La fbfive tirée du corps de l ’arbre qui avoit péri le
premier après l’écorcement, pefbit 242 livres, ellé fe
trouva la moins forte de toutes, & rompit fous 7940
livres.
Celle de 1 arbre en écorce que je lui comparai, pefbit
234 livres, elle rompit fous 7320 livres.
La folive du fécond arbre écorcé, pefbit 249 livres ;
elle plia plus que la première, & rompit fous la charge
de 8362 livres.
Celle de l’arbre en écorce que je lui comparai, pefbit
236 livres, elle rompit fous la charge de 7385 livres.
La folive de l ’arbre écorcé & laiffé aux injures du
temps, pefbit 258 livres; elle plia encore plus que la
fécondé, & ne rompit que fous 8926 livres.
Celle de l ’arbre en écorce que je lui comparai, pefbit
239 livres, & rompit fous 7420 livres.
Enfin la folive de mon arbre à tête légère, que j’avois
toujours jugé le meilleur, fe trouva en effet pefer 263
livres, & porta avant que de rompre 9046 livres.
L ’arbre que je lui comparai, pefbit 238 livres, &
rompit fous 7500 livres.
Les deux autres arbres écorcés fe trouvèrent défectueux
dans leur milieu, où il fe trouva quelques noeuds, de forte
que je ne voulus pas les faire rompre : mais les épreuves
ci-deffus fùffifent pour faire voir que le bois écorcé &
féché for pied eft toujours plus pefànt, & confidérablement
plus fort que le bois gardé dans fon écorce. C e que je
vais rapporter ne laiffera aucun doute fur ce fait.
D u haut de la tige de mon arbre écorcé & laiffé aux
injures de l’air, j’ai fait tirer une folive de 6 pieds de
longueur & de y pouces d’équarriffage ; il fe trouva qu’à
1 une des faces il y avoit un petit abreuvoir, mais qui. ne