1 9 <5 Histoire Naturelle.
ici comme de l’âge des Touches, & en général comme
d’un très-grand nombre de vérités importantes que la
brièveté de notre vie fembie nous dérober à jamais : il
faudrait laifler à la poflérité des expériences commencées ;
il faudrait la mieux traiter que l’on ne nous a traité nous-
mêmes ; car le peu de traditions phyfiques que nous ont
laiffé nos ancêtres, devient inutile par le défaut d’exactitude
, ou par le peu d’intelligence des Auteurs, & plus
encore par les faits hafàrdés ou faux qu’ils n’ont pas eu
honte de nous tranfmettre.
La caufè phyfique de cette augmentation de folidité
& de force dans le bois écorcé fur pied fè préfènte d’elle-
même, il fùffit de fàvoir que les arbres augmentent en
groffeur par des couches additionnelles de nouveau bois
qui fè forment à toutes les sèves entre l ’écorce & le bois
ancien; nos arbres écorcés ne formentpoint de ces nouvelles
couches, & quoiqu’ils vivent après l ’écorcement ils ne
peuvent groffir. La fùbftance deftinée à former le nouveau
bois fè trouve donc arrêtée & contrainte de fè fixer dans tous
les vuides de l’aubier & du coeur même de l’arbre, ce qui
en augmente néceffairement la folidité, & doit par conséquent
augmenter la force du bois; car j ’ai trouvé par plufieurs
épreuves, que le bois le plus pelant efl aufïï le plus fort.
Je ne crois pas que l’explication de cet effet ait
befoin d’être plus détaillée; mais à caufè de quelques
circonflances particulières qui relient à faire entendre,
je vais donner le réfùltat de quelques autres expériences
qui ont rapport à cette matière.
Le 18 décembre, j ’ai fait enlever des ceintures d’écorce
de trois pouces de largeur à trois pieds au-deffus de terre,
à plufieurs chênes de différens âges, en forte que l’aubier
paroiffoit à nud & entièrement découvert; j’interceptois
par ce moyen le cours de la sève qui devoit paffer par
l’écorce & entre l’écorce & le bois ; cependant au printemps
fùivant ces arbres poufsèrent des feuilles comme
les autres , & ils leur reffembloient en tout, je n’y trouvai
même rien de remarquable qu’au 22 de mai ;' j’aperçus
alors des petits bourrelets d’environ une ligne de hauteur
au-deflùs de la ceinture, qui fortoient d ’entre l’écorce &
l ’aubier tout autour de ces arbres; au-deffous de cette
ceinture, il ne paroiffoit & il ne parut jamais rien. Pendant
l’été, ces bourrelets augmentèrent d’un pouce en def-
cendant & en s ’appliquant fur l’aubier ; les jeunes arbres
formèrent des bourrelets plus étendus que les vieux, &
tous confèrvèrent leurs feuilles, qui ne tombèrent que dans
le temps ordinaire de leur chute. Au printemps fùivant,
elles reparurent un peu avant celles des autres arbres, je crus
remarquer que les bourrelets fe gonflèrent un peu, mais
ils ne s’étendirent plus ; les feuilles réfiflèrent aux ardeurs
de l’é té, & ne tombèrent que quelques jours avant les
autres. Au troifième printemps, mes arbres fe parèrent
encore de verdure & devancèrent les autres ; mais les
plus jeunes ou plutôt les plus petits, ne la confèrvèrent
pas long-temps, les féchereffes de juillet les dépouillèrent;
les plus gros arbres ne perdirent leurs feuilles qu’en automne
, & j’en ai eu deux qui en avoient encore après le