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il faut détailler ces défauts, & dire d’où ils procèdent
Nous allons commencer par ce qui regarde le double
aubier.
. L ’aubier eft, comme l’on fait, une couronne ou une
ceinture plus ou moins épaiffe de bois blanc & imparfait,
qui dans prefque tous les arbres fe diltingue aifément du
bois parfait, qu’on appelle le coeur, par la différence de
fa couleur & de fa dureté. Il fe trouve immédiatement
fous l’écorce, & il enveloppe le bois parfait, qui dans»
les arbres fains eft à peu-près de la même couleur, depuis
la circonférence jufqu’au centre; mais dans ceux dont
nous voulons parler, le bois parfait fe trouve fepare par
une fécondé couronne de bois blanc, en forte que fur
la coupe du tronc d’un de ces arbres, on voit alternativement
une couronne d’aubier, puis une de bois parfait,
enfuite une féconde couronne d’aubier, & enfin un rnaffif
de bois parfait. Ce défaut eft plus ou moins grand, &
plus ou moins commun, félon les différens terreins &
les différentes fituations ; dans les terres fortes & dans le
touffu des forêts, il eft plus rare & moins confidérable
que dans les clairières & dans les terres légères.
A la feule infpeétion de ces couronnes de bois blanc,
que nous appellerons dans la foite le faux aubier, on voit
qu’elles font de mauvaifè qualité ; cependant pour en
être plus certain, M. de Buffon en a fait faire plusieurs
petits foliveaux de deux pieds de longueur, fur neuf à
dix lignes d’équarriffage, & en ayant fait faire de pareils
4e véritable aubier, il a fait rompre les uns & les autres
en les chargeant dans leur milieu, & ceux de faux aubier
ont toujours rompu fous un moindre poids que ceux
du véritable aubier, quoique, comme l’on fait, la force
de l ’aubier foit très-petite en comparaifon de celle du
bois formé.
Il a enfuite pris plufieurs morceaux de ces deux efpèces
d’aubier, il les a pefes dans l’air & enfuite dans l’eau, &
il a trouvé que la pefànteur fpécifique de l ’aubier naturel
étoit toujours plus grande que celle du faux aubier. Il a
fait la même expérience avec le bois du centre de ces
mêmes arbres., pour le comparer à celui de la couronne
qui fe trouve entre les deux aubiers, & il a reconnu que la
différence étoit à peu-près celle qui fo trouve naturellement
entre la pefànteur du bois du centre de tous les
arbres & celle de la circonférence ; ainfi tout ce qui
eft devenu bois parfait dans ces arbres défectueux, s’eft
trouvé à peu-près dans l ’ordre ordinaire. Mais il n’en
eft pas de même du faux aubier, puifque, comme le
prouvent les expériences que nous venons de rapporter,
il eft plus foible, plus tendre & plus léger que le vrai
aubier, quoiqu’il ait été formé vingt & vingt-cinq ans
auparavant, ce que nous avons reconnu en comptant
les cercles annuels, tant de l’aubier que du bois qui
recouvre ce faux aubier; & cette obfèrvation que nous
avons répétée fur nombre d ’arbres, prouve incontefta-
blement que ce défaut eft une fuite du grand froid
de 13709 ; car il ne faut pas être fùrpris de trouver toujours
quelques couches de moins que le nombre des
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