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quoique fouvent ces valions foient fur un meilleur fonds
que le refte du terrein. Le taillis n’eft jamais beau dans
les endroits bas ; & quoiqu’il y pouffe plus tard qu’ailleurs,
à caufo d’une fraîcheur qui y eft toujours concentrée , &
que M. de Buffon m’a alluré avoir remarqué même l’été
en fe promenant la nuit dans les bois, car il y lentoit baies
éminences prefque autant de chaleur que dans les
campagnes découvertes, & dans les vallons il étoit faiii
d’un froid vif & inquiétant; quoique, dis-je, le bois y
pouffe plus tard qu’ailleurs, ces pouffes font encore
endommagées par la gelée, qui en gâtant les principaux
jets, oblige les arbres à pouffer des branches latérales,
ce qui rend les taillis rabougris & hors d’état de faire
jamais de beaux arbres de fervice ; & ce que nous venons
de dire ne fe doit pas feulement entendre des profondes
vallées qui font fi fulceptibies de ces inconvéniens qu’on
en remarque d ’expofées au nord & fermées du côté du
midi en cul - de - fac , dans lefquelles il gèle fouvent les
douze mois de l’année ; mais on remarquera encore la
même chofe dans les plus petites vallées, de forte qu’avec
un peu d’habitude, on peut reconnoître fimplement à la
mauvaifo figure du taillis la pente du terrein ; c ’eft auffi
ce que j ’ai remarqué plufieurs fois, & M. de Buffon l’a
particulièrement obfervé le 28 avril 173 4 , car ce jour-là
les bourgeons de tous les taillis d’un an, jufou’à fix &
fopt, étoient gelés dans tous les lieux bas, au lieu que
dans les endroits élevés & découverts, il n’y avoit que
les rejets près de terre qui friffent gâtés, La terre étoit
alors
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alors fort sèche, & l’humidité de l’air ne lui parut pas
avoir beaucoup contribué à ce dommage ; les vignes non
plus que les noyers de la campagne ne gelèrent pas ;
cela pourrait frire croire qu’ils font moins délicats que
le chêne, mais nous penfons qu’il faut attribuer cela à
l’humidité qui efl toujours plus grande dans les bois que
dans le refte des campagnes, car nous avons remarqué
que fouvent les chênes font fort endommagés de la gelée
dans les forêts, pendant que ceux qui font dans les haies j
ne le font point du tout.
Dans le mois de mai 1 7 3 6 , nous avons encore eu
occafion de répéter deux fois cette obforvation, qui a
même été accompagnée de circonftances particulières,
mais dont nous fommes obligés de remettre le détail a
un autre endroit de ce Mémoire, pour en frire mieux
fentir la fingularité.
Les grands bois peuvent rendre les taillis qui font
dans leur voifinage, dans le même état qu ils foraient
dans le fond d’une vallée; auftï avons-nous remarqué
que le long & présides lifières de grands bois, les taillis
font plus fouvent endommagés par la gelée que dans les
endroits qui en font éloignés ; comme dans le milieu
des taillis & dans les bois où on laiffe un grand nombre
de baliyeaux, elle fe. fait fentir avec bien plus de force
que dans ceux qui font plus découverts. Or tous les
défordres dont nous venons de parler, foit à l’égard
des vallées, foit pour ce qui fe trouve le long des
grands bois ou à couvert par les baliveaux, ne font plus
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