Nature, il faut y planter & y femer des épines & des
buiffons qui puiffent rompre la force du vent, diminuer
celle de la gelée & s’oppofer à l'intempérie des faifons;
ces huilions font des abris qui garantilfent les jeunes
plants, & les protègent contre l ’ardeur du Soleil & la
rigueur des frimats. Un terrein couvert, ou plutôt à
demi couvert de genièvres, de bruyères, elt un bois a
moitié lait, & qui a peut-etre dix ans d avance for un
terrein net & cultivé: Voici les ôblèrvations qui m en
ont alluré.
J'ai deux pièces de terre d'environ quarante arpens
chacune, fomées en bois depuis neuf ans, ces deux
pièces font environnées de tous côtés de bois taillis ;
l’une des deux étoit un champ cultivé, on a ferné également
& en même temps plufieurs cantons dans cette
pièce, les uns dans le milieu de la pièce, les autres le
long des bois taillis; tous les cantons du milieu font
dépeuplés, tous ceux qui avoilînent le bois font bien
garnis : cette différence n'étoit pas fonfible à la première
année, pas même à la foconde, mais je me fois aperçu
à la troilîème année d’une petite diminution dans le
nombre des jeunes plants du canton du milieu, & les
ayant obfervés exactement, j’ai vu qu’à chaque été &
à chaque hiver des années foivantes, il en a péri confi-
déj^blement, & les fortes gelées de 1740, ont achevé
de défoler ces cantons, tandis que tout elt floriffant dans
les parties qui s’étendent le long des bois taillis, les
jeunes arbres y font verts, vigoureux, plantés tous les
uns contre les autres, & ils fo font élevés fans aucune
culture à quatre ou cinq pieds de hauteur : il elt évident
qu’ils doivent leur accroiffement au bois voifin qui leur
a lèrvi d’abri contre les injures des faifons. Cette pièce
de quarante arpens, elt actuellement environnée d’une
lifière de cinq à lix perches de largeur d’un bois
naiffant qui donne les plus belles efpérances ; à mefore
qu’on s’éloigne pour gagner le milieu, le terrein elt
moins garni, & quand on arrive à douze ou quinze
perches de dillance des bois taillis, à peine s’aperçoit-on
qu’il ait été planté ; l ’expofition trop découverte elt la
feule caulè de cette différence, car le terrein elt abfo-
lument le même au milieu de la pièce & le long du
bois ; ces terreins avoient en même temps reçu les
mêmes cultures , ils avoient été fomés de la même façon
& avec les mêmes graines. J ’ai eu occafion de répéter
cette oblervation dans des femis encore plus valles, où
j’ai reconnu que le milieu des pièces elt toujours dégarni,
& que quelque attention qu’on ait à refemer cette partie
du terrein tous les ans, elle ne peut fe couvrir de bois,
& relte en pure perte au propriétaire.
Pour remédier à cet inconvénient, j ’ai lait faire deux
foffés qui fe coupent à angles droits dans le milieu de
ces pièces, & j’ai fait planter des épines, du peuplier
& d’autres bois blancs tout le long de ces foffés; cet
abri quoique léger a foffi pour garantir les jeunes plants
voifins du foffé ; & par cette petite dépenfe j’ai prévenu
la perte totale de la plus grande partie de ma plantation.
M m ij