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encore par le fimpie reflerrement de la Terre, fouvent
occafionné par un moindre degré de froid que celui
qui eft néceffaire pour en geler la furface. Il y a très-
peu de pays où il gèle dans les plaines au-delà du 3 y .me
degré de latitude, fur-tout dans rhémifphère boréal; il
femble donc que depuis l’Équateur jufqu’au 35 me degré
les émanations de la chaleur terreftre ayant toujours leur
libre iflùe, il ne devroit y avoir prefque aucune différence
de l’hiver à l’é té , puifque cette différence ne pourroit
provenir que de deux caufes', toutes deux trop petites
pour produire un rélùltat fènfible. La première de ces
caufes, eft la différence de l’aélion folaire, mais comme
cette aétion elle-même efl beaucoup plus petite que
celle de la chaleur terreftre, leur différence devient dès-
lors fi peu confidérable % qu’on peut la regarder comme
nulle. La fécondé caufe eft i’épaiffeur du globe qui, vers
le 35.mc degré, eft à peu-près de moindre -qu’à
l ’Équateur ; mais cette différence ne peut encore produire
qu’un très-petit effet, qui n’eft nullement proportionnel
à celui que nous indiquent les obfervations, puifqu’à 35
degrés le rapport des émanations de la chaleur terreftre
à la chaleur folaire, eft en été de 33 à 1 , & en hiver
de 153 à 1 , ce qui donneroit 186 à 2 , ou 93 à 1.
C e ne peut donc être qu’au reflerrement de la Terre,
occafionné par le froid ou même au froid produit par
les pluies durables qui tombent dans ces climats, qu’on
peut attribuer cette différence de l’hiver à l’été ; le refi-
ferrement dp la Terre par le froid, fupprime une partie
des
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 5 4 5
des émanations de la chaleur intérieure, & le froid toujours
renouvelé par la chute des pluies, diminue l ’intenfité
de cette même chaleur ; ces deux caufes produifent donc
cnlêmble la différence de l’hiver à l’été.
D ’après cet expofé, il me femble que l ’on eft maintenant
en état d’entendre pourquoi les hivers femblent
être fi différens. C e point de phyfique générale n’avoit
jamais été difcuté, perfonne avant M. de Mairan, n’avoit
même cherché les moyens de l’expliquer, & nous avons
démontré précédemment l’inftiffilance de l ’explication
qu’il en donne; la mienne au contraire me paroît fi
fimpie & fi bien fondée, que je ne doute pas qu’elle ne
loit entendue par tous les bons elprits.
Après avoir prouvé que la chaleur qui nous vient
du Soleil eft fort inférieure à la chaleur propre de notre
globe ; après avoir expofé, qu’en ne la fiippolànt que
de ■— , le refroidiffement du globe à la température
aéluelle, n’a pu fe frire qu’en 74832 ans; après avoir
montré que le temps de ce refroidiffement feroit encore
plus long, fi la chaleur envoyée par le Soleil à la
Terre étoit dans un rapport plus grand, e’eft-à-dire
Je A- ou de ~ au lieu de ~ ; on ne pourra pas nous
blâmer d’avoir adopté la proportion qui nous paroît la
plus plaufible par les raifons phyfiques, & en même
temps la plus convenable, pour ne pas trop étendre &
reculer trop loin les temps du commencement de la
Nature, que nous avons fixé à 37 ou 38 mille ans, a
dater en arrière de ce jour.
Supplément. Tome IL • Z z z