4.2 H i s to ir e N a t u r e l l e .
de l’acier, je les fis mettre au feu de raffinerie & porter
fous le marteau, elles en foutinrent le coup fans fe divifer,
fans s’éparpiller en étincelles ,- fans donner une grande
flamme, fans Iaiflér couler beaucoup de laitier, chofes
qui toute* arrivent lorfqu’on forge du mauvais fer. On
les forgea à la manière ordinaire, les barres qui en
provenoient n’ étoient pas toutes de la même qualité ;
les unes étoient de fer, les autres d’acier , & le plus grand
nombre de fer par un bout ou par un cô té , & d’acier
par l’autre. J ’en ai fait faire des poinçons. & des cifeaux
par des ouvriers qui trouvèrent cet acier aufii bon que
celui d’Allemagne. Les barres qui n’étoient que de fer,
étoient fi fermes, qu’il fut impoffible de les rompre avec
la malle, & qu’il fallut employer le cifeau d’acier pour les
entamer profondément des deux côtés avant de pouvoir
les rompre ; ce fer étoit tout nerf, & ne pouvoit fe
féparer qu’en fe déchirant par le plus grand effort. En le
comparant au fer que donne cette même mine fondue
en gueüfes à la manière ordinaire, on ne pouvoit fe
perfuader qu’il provenoit de la même mine, dont on
n’avoit jamais tiré que du fer à gros grain, fans nerf &
très-caffant.
La quantité de mine que j’ avois employée dans cette
expérience, auroit dû produire au moins i 200 livres de
fonte, c ’eft-à-dire, environ 800livres de fer, fi elle eût
été fondue par la méthode ordinaire, & je n’avois obtenu
que 280 livres, tant d’acier que de fer, de toutes les loupes
que j’avois réunies ; & en luppofant un déchet de moitié
Pa r t i e e x p e r ime n t a l e . 4.3
du mauvais fer au bon, & de trois quarts du mauvais fer
à l ’acier, je voyois que ce produit ne pouvoit équivaloir
qu’à 500 livres de mauvais fer , & que,par confequent il
y avoit eu.plus du quart de mes, quatre milliers de miné
qui -Srétôitxonfùmé en pure perte, & en même temps
près du tiers du charbon brûlé fans produit.
Ces expériences étant donc exceffivement chères, &
voulant néanmoins les fuivre , je pris le parti de faire
conftruire deux fourneaux plus petits; tous deux cependant
de 14. pieds de hauteur , mais dont la capacité
intérieure du fécond étoit d’un tiers plus petite que celle
du premier. Il fàlloit pour charger & remplir en entier
mon grand fourneau de fufion, cent trente-cinq corbeilles
de charbon de 40 livres chacune ; c’elt - à - dire, 5400
livres de charbon , au lieu que dans mes petits fourneaux,
il ne fàlloit que 900 livres de charbon pour remplir le
premier, & 600 livres pour remplir le fécond, ce qui
diminuoit confidérablement les trop grands fiais de ces
expériences. Je fis adoflér ces fourneaux l ’un à l’autre afin
qu’ils puffent profiter de leur chaleur mutuelle ; ils étoient
féparés par un mur de trois pieds, & 'environnés d’un autre
mur de 4 pieds d’épaiffeur, le tout bâti en bon moellon
& de la même pierre calcaire dont on fé fèrt dans le pays
pour faire les étalages des grands fourneaux. La forme
de là cavité de ces petits fourneaux étoit pyramidale fur
une bafè quarrée, s’élevant d’abord perpendiculairement
à 3 pieds de hauteur, & enfuites’inclinant en dedans fùr le
■ relie de leur élévation qui étoit de 1 1 pieds ; de forte que
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