z 6 z H i s t o i r e N a t u r e l l e .
ans, & pourquoi ne pas laifler à la poftérité des expériences
commencées! J ’ai donc fait divifer mon terrein
par quart d’arpent, & à chaque angle j’ai lait fonder la
profondeur avec m a tarière, j’ai rapporté fur un plan
tous les points où j’ai fondé, avec la note de la profondeur
du terrein & de la qualité de la pierre qui fé trouvoit
au-deffous, dont la mèche de la tarière ramenoit toujours
des échantillons , & de cette façon j’ai le plan de la fuper-
ficie & du fond de ma plantation, plan qu’il fera aifé
quelques jours de comparer avec la production (d ).
Après cette opération préliminaire, j’ai partagé mon
terrein en plufieurs cantons , que j’ai fait travailler différemment.
Dans l ’un, j ’ai fait donner trois labours à la
charrue, dans un autre, deux labours , dans un troifième
un labour feulement; dans d’autres, j’ai fait planter les
glands à la pioche & fans avoir labouré ; dans d ’autres,
j ’ai fait Amplement jeter des glands, ou je les ai fait placer
à la main dans l’herbe ; dans d’autres , j’ai planté de petits
(d) Cette opération ayant été
faite en 1734, & fe bois femé la
même année, on a recepé les jeunes
plants en 173 8 pour leur donner
plus de vigueur. Vingt ans après,
c’elt-à-dire, en 17 5 8 ,ils formoient
un bois dont les arbres avôient
communément 8 à 9 pouces de
tour au pied du tronc ; on a coupé
ce bois la même année , c’e lt- à -
dire vingt quatre ans après l’avoir
fenjé. Le produit n ’a pas été toutà
fait moitié du produit d’un bois
ancien de pareil âge dans le meme
terrein ; mais au jourd’hui, en 1774,
ce même bois qui n’a que feize ans,
elt auffi garni & produira tout
autant que les bois anciennen^em
plantés, & malgré l’inégalité de la
profondeur du terrein qui varie
depuis 1 pied i jufqu’à 4 pieds ,
on ne s’aperçoit, d’aucune différence
dans la grolfeur des baliveaux
réfervés dans les taillis.
arbres, que j ’ai tirés de mes bois ; dans d’autres, des arbres
de même efpèce, tirés de mes pépinières; j ’en ai fait
femer & planter quelques-uns à un pouce de profondeur,
quelques autres à fix pouces ; dans d’autres, j ’ai fomé des
glands que j’avois auparavant fait tremper dans différentes
liqueurs, comme dans l’eau pure,, dans de la lie-de-vin,
dans l ’eau qui s’étoit égoutée d’un fumier , dans de l ’eau
faléè. Enfin dans plufieurs cantons j ’ai femé des glands
avec de l’avoine ; dans plufieurs autres, j’en ai femé que
j ’avois fait germer auparavant dans delà terre. Je vais rapporter
en peu de mots le réfultat de toutes ces épreuves,
& de plufieurs autres que je fiipprime ici, pour ne pas
rendre cette énumération trop longue.
La nature du terrein où j’ai fait ces eflàis, m’a paru
femblable dans toute fon étendue ; c ’efl une terre fort
paitrilfable, un tant foit peu mêlée de glaife, retenant l’eau
long-temps, & fo féchant affez difficilement, formant par
la gelée & par la féchereffe une.e/pèce de croûte avec plufieurs
petites fentes à fa furfàce, produifant naturellement
une grande quantité d’hiebles dans les endroits cultivés, &
de genièvres dans les endroits en friche, ce terrein efl
environné de tous côtés de bois d’une belle venue. J ’ai
fait femer avec foin tous les glands un à un & à un
pied de diflance les uns des autres, de forte qu’il en
efl entré environ douze mefures ou boiffeaux de Paris
dans chaque arpent. Je crois qu’il efl néceffaire de
rapporter ces faits pour qu’on puiffe juger plus fàinement
de ceux qui doivent fuivre.