i 0 4 Histoire Naturelle.
ferions bientôt la nation la plus floriflante & le peuple le
plus riche. Par exemple, il eft le premier qui ait confeillé
de reconnoître la réfiflance de la fonte par fa pefanteur
fpécifique ; il a auffi cherché à perfectionner l ’art de la
moulerie en fable des canons de fonte de fer, & cet art
efl perdu depuis qu’on a imaginé de les tourner. Avec les
moules en terre, dont on fe fervoit auparavant, la furfàce
des canons étoit toujours chargée d’afpérités & de rugo-
fités ; M. de Montalembert avoit trouvé le moyen de faire
des moules en fable qui donnoient à la furface du canon
tout le liffe, & même le luifànt qu’on pouvoit defirer ;
ceux qui connoiffent les Arts en grand, fendront bien lès
difficultés qu’il a fallu fùrmonter pour en venir à bout,
& les peines qu’il a fallu prendre pour former des ouvriers
capables d’exécuter ces moules, auxquels ayant fubftitué
le mauvais ufàge du tour, on a perdu un art excellent pour
adopter une pratique funefte (g ). Une
(g) L ’outil à langue de carpe
perce la fonte de fer avec une
vîteflè prefque double de celle
de l’outil à cylindre. Il n’elt point
néceflâire avec ce premier outil,
de fèringuer de l’eau dans la pièce,
comme il eft d’ufàge de le faire en
employant le fécond qui s’échauffe
beaucoup par Ion frottement très-
confîdérabïe. L ’outil à cylindre
lèroit détrempé en peu de temps
fans cette précaution ; elle eft
même fouvent infuffifante, dès
que la fonte fe trouve plus compacte
& plus dure, cet outil ne
peut la forer. La limaille fort naturellement
avec l’outil à langue
de carpe, tandis qu’avec l’outil à
cylindre , il faut employer continuellement
un crochet pour la
tirer, ce qui ne peut fe faire a fiez
exactement pour qu’il n ’en relie
pas entre l’outil & la pièce, ce qui
la gêne & augmente encore fan
frottement.
II faudroit s'attacher à perfectionner
Une attention très-nécefîaire lorfque l ’on coule du
canon, c efl d empecher les écumes qui fiirmontent la
fonte, de tomber avec elle dans le moule. Plus la fonte
efl legere & plus elle fait d’écumes, & l ’on pourroit
donner la moulerie. Cette opération
eft difficile, mais elle n ’eft pas
impoffible à quelqu’un d’intelligent.
Plufîeurs choies font ablo-
lument néceffaires pour y réuflir,
i.° des mouleries plus étendues,
pour pouvoir y placer plus de
chantiers & y faire plus de moules
a la fois, afin qu’ils puffènt fécher
plus lentement; z.° mie grande
fofTe pour les recuire de bout,
ainfî que cela le pratique pour les
canons de cuivre, afin d’éviter que
le moule ne foit arqué, & par
conféquent le canon ; 3 .° un petit
chariot à quatre roues fort baffes
avec des montans aflëz élevés pour
y fufpendre le moule recuit, & le
traiilporter de la moulerie à la cuve
du fourneau, comme on tranfporte
un luftre ; 4.° un jufte mélange
d’une terre greffe & d’une terre
fableufe, tel qu’il le faut, pour
qu’au recuit le moule ne fe fende
pas de mille & mille fentes qui
rendent le canon défectueux, &
fur-tout pour que cette terre, avec
cette qualité de ne pas fe fendre,
puifle conferver. l’avantage de
Supplément. Tome II.
s'écaller (c’eft-à-dire de fè détacher
du canon quand on vient à le nettoyer
1 ; plus la terre eft grade,
mieux elle s'écalle, & plus elle fe
fend ; plus elle eft maigre ou lâ-
bleufè, moins elle fe fend , mais
moins elle s’écalle. Il y a des moules
de cette terre qui fe tiennent fi fort
attachés au canon, qu’on 11e peut
avec le marteau & le cifeau en
emporter que la plus greffe partie,
ces fortes de canons relient encore
plus vilains que ceux cicatrifés par
les fentes innombrables des moules
de terre grafîè. Ce mélange de
terre eft donc très - difficile, il
demande beaucoup d’attention,
d’expérience, & ce qu’il y a de
fâcheux, c’eft que les expériences
dans ce genre, faites pour des petits
calibres , ne concluent rien pour
les gros. Il n’eft jamais difficile de
faire écaller des petits canons avec
un mélange fableux. Mais ce même
mélange ne peut plus être employé
dès que les calibres paffent celui
de douze ; pour ceux de trente-fix
fur-tout, il eft très-difficile d’attraper
le point du mélange.
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