3 1 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
pour l’empêcher ' de s’emporter lur une branche, on
fait-languir la partie de l’arbre à laquelle cette racine
correfpondoit, mais il n’ arrive pas toujours que ce {bit
celle qu’on vouloit affoiblir, parce qu’on n’efl pas toujours
alluré à quelle partie de l’arbre une racine porte fà nourriture
, & une même racine la porte fouvent a plufieurs
branches; nous en allons dire quelque chofe dans un
moment.
O b s e r v a t i o n V .
Q u’on fende un arbre, depuis une de fes branches,
par fon tronc, jufqu’à une de fès racines, on pourra
remarquer que les racines, de même que les branches,
font formées d’un faifceau de fibres, qui font une continuation
des fibres longitudinales du tronc de l’arbre.
Toutes ces obforvations fomblent prouver que le tronc
des arbres efl compofo de différens paquets de fibres
longitudinales, qui répondent par un bout à une racine,
& par l’autre, quelquefois à une, & d’autres fois a plufieurs
branches en forte que chaque faifceau de fibres
paroît recevoir là nourriture de la racine dont il efl une
continuation. Suivant cela, quand une racine périt, il s’en
devroit fuivre le defféchement d’un faifceau de fibres
dans la partie du tronc & dans la branche correfpondante,
mais il faut remarquer :
i.° Que dans ce cas les branches ne font que languir,
& ne meurent pas entièrement :
z.° Q u ’ayant greffé par le milieu fur un fujet vigoureux
une branche d’orme affez forte qui étoit chargée d’autres
petites branches, les rameaux qui étoient for la partie
inférieure de la branche greffée, poufsèrent quoique plus
faiblement que ceux du fojet. Et j’ai vu aux Chartreux
de Paris, un oranger fobfifter & groffir en cette fituation
quatre ou cinq mois fur le fauvageon où il avoit été greffé.
Ces expériences prouvent que la nourriture qui efl portée
à une partie d’un arbre, fe communique à toutes les
autres, & par conféquent la sève a un mouvement de
communication latérale. On peut voir for cela les expériences
de M. Haies ; mais ce mouvement latéral ne nuit
pas affez au mouvement direét de la sève, pour l’empêcher
de fe rendre en plus grande abondance à la partie
de l’arbre, & au faifceau même des fibres qui correfpond
à la racine qui la fournit, & c ’efl ce qui fait qu’elle fe
diflribue principalement à une partie des branches de
l’arbre, & qu’on voit ordinairement la partie de l’arbre
où répond une racine vigoureufe, profiter plus que tout
le refle, comme on le peut remarquer for les arbres des
libères des forêts, car leurs meilleures racines étant pref-
que toujours du côté du champ, c ’efl auffi de ce côté
que les couches ligneufes font communément les plus
épaiffes.
Ainfi il paroît par les expériences que nous venons de
rapporter, que les couches ligneufes font plus épaiffes
dans les endroits de l’arbre où la sève a été portée en
plus grande abondance, foit que cela vienne des racines
ou des branches, car on fait que les unes & les autres
agiffent de concert pour le mouvement de la sève.