qu’il montroit souvent dans toutes ses parties, excepté
dans ses barbillons. On auroit dû cependant se souvenir
que, malgré le besoin qu’il a de se nourrir de substances
animales , il paroît avoir l’instinct social : on
Voit presque toujours- deux glanis ensemble ; et c’est
ordinairement un mâle et une femelle qui vivent ainsi
l ’un auprès de l’autre.
Malgré sa grandeur, le glanis femelle ne contient
qu’un très-petit nombre d’oeufs, suivant plusieurs naturalistes;
et si ce fait est bien constaté, il méritera
d’autant plus l’attention des physiciens, qu’il sera une
exception à la proportion que la Nature semble avoir
établie entre la grosseur des poissons et le nombre de
leurs oeufs *. Bloch rapporte qu’une femelle qui pesoit
déjà quinze hectogrammes, n’avoit dans ses deux
ovaires que dix-sept mille trois cents oeufs.
Lorsque les tempêtes sont assez violentes pour bouleverser
toute la masse des eaux' dans lesquelles vit le
o-lanis, il quitte sa retraite limoneuse, et se montre à
la surface des fleuves; néanmoins, comme -ces orages
sont rares, et que d’ailleurs le temps pendant lequel
il est attiré vers les rivages, est d ’une durée assez
courte, il est exposé bien peu souvent à se défendre
contre des poissons voraces assez forts pour oser l’attaquer:
mais les anguilles-, les lotes, et d’autres poissons
beaucoup plus petits , se nourrissent de ses oeufs ; et
* Discours sur la nature des- -poissons.
quand il est encore très-jeune, il est quelquefois la
proie des grandes grenouilles.
Son oesophage et son estomac présentent, dans leur
intérieur, des plis assez profonds ; et feu Hartmann ',
ainsi que le professeur Schneider1, ont remarqué que
cet estomac jouissoit d’une irritabilité assez grande,
même après la dissection de l’animal, pour offrir pendant
long-tçmps des contractions et des dilatations
alternatives.
Le canal intestinal est court et replié une seule fois;
le foie gros ; la vésicule du fiel longue et remplie d’une
liqueur jaune; la vessie natatoire courte, large, et
diviséè longitudinalement en deux. Vingt côtes sont
placées de chaque côté de l’épine du dos, qui est
composée de cent dix vertèbres.1*
. La chair du glanis est blanche,grasse, douce, agréable
au goût, mais mollasse, visqueuse et difficile à digérer.
Dans les environs-du Volga, dont les eaux nourrissent
un très-grand nombre d’individus de cette espèce,
on fait avec leur vessie natatoire une colle assez bonne,
mais à laquelle on préfère cependant celle que donne
;la vessie natatoire de l’acipensère husô. Sur les bords
du Danube, la peau du glanis, séchée au soleil, a
servi pendant long-temps de lard aux habitans peu
1 Mélanges de Vacadémie des curieux de la Nature j clécac% 2 , an 7v
p, 80.. *
î Synonymie des poissons d’Artédi, etc. p, 170»
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