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Hier, soit dans le printemps, soit dans l’été, soit
dans l’automne, et s’approchent des embouchures des
fleuves et des rivages propres à leur frai. Voilà pourquoi
la pêche de ces poissons n’est jamais plus abondante
que lorsque leurs laites sont liquides, ou leurs
oeufs près de s’échapper. La nécessité de frayer n’étant
pas cependant la seule cause qui les arrache à leurs
profonds asyles, il n’est pas surprenant qu’on en prenne
qui n’ont plus d’oeufs ni de liqueur prolifique , ou
dont la laite ou les oeufs ne sont pas encore développés,
On a employé différentes dénominations pour
désigner ces divers états des harengs, ainsi què pour
indiquer quelques autres manières d’être de ces animaux.
On a nommé harengs gais ou harengs, vides, ceux
qui ne montrent encore ni laite ni oeuf; harengs pleins,
ceux qui ont déjà des oeufs ou de la laite ; harengs vierges,
ceux dont les oeufs sont mûrs, ou dont lalaite est liquide;
harengs à la bourse, ceux qui, ayant déjà perdu une
partie de leurs oeufs ou leur liqueur séminale, ont des
ovaires, ou des enveloppes de laite, semblables à une
bourse à demi remplie ; et harengs marchais, ceux qui,
après le frai, ont repris leur chair, leur graisse, leurs
forces et leurs principales qualités. Au reste, il est
passible que les harengs fraient plus d’une fois dans la
même année. Le temps de leur frai est du moins
avancé ou retardé, suivant leur âge et leurs rapports
avec le climat qu’ils habitent. C’est ce qui fait que,
dans plusieurs parages, des harengs de grandeur sem-
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blable ou différente viennent successivement pondre
des oeufs ou les arroser de leur laite, et que, pendant
près de trois saisons, on ne cesse de pêcher de ces poissons
pleins et de ces poissons vides. Par exemple, vers
plusieurs rivages de la Baltique, les harengs du printemps
fraient quand la glace commence à foudre, et
continuent jüsqu’à la fin de la saison dont ils portent
le nom. Viennent ensuite les plus gros harengs, que
l’on nomme harengs d’été, et qui sont suivis par d’autres,
que l’on distingue par la dénomination de harengs d’automne.
Mais, à quelque époque que les poissons dont nous
écrivons l’histoire quittent leur séjour d’hiver, ils pa-
roissent en troupes que des mâles isolés précèdent
souvent de quelques jours, et dans lesquelles il y a
ordinairement plus de mâles que de femelles. Lors-
qu’ensuite le frai commence, ils frottent leur ventre
contre les rochers ou le sable, s’agitent, impriment
des mouvemens rapides à leurs nageoires, se mettent
tantôt sur un côté et tantôt sur un au tre, aspirent l’eau
avec force et la rejettent avec vivacité.
Les légions qu’ils Composent dans ces temps remarquables,
où ifs se livrent à Ces opérations fatigantes,
mais commandées par un besoin impérieux, couvrent
une grande surface , et cependant elles offrent une
image d’ordre. Les plus grands, les plus forts ou les
plus hardis, se placent dans les premiers rangs, que
Ion a comparés à une sorte d’avant-garde. Et que l’ou