LE C Y P R I N S P ÉC U LAI RE' ,
ET
LE CYPRIN A CUIR*.
N o u s donnons ,1e nom de spéculaire à un cyprin très-
remarquable par les grandes écailles disposées en séries,
et quelquefois distribuées d’ailleurs avec plus ou moins
d’irrégularité sur sa surface. Ces écailles sont souvent
quatre ou cinq fois plus larges à proportion que celles
de la carpe; et quoique striées de manière à paraître
comme rayonnées, elles ont assez d’éclat pour être
comparées à de petits miroirs. Ces lames brillantes
sont ordinairement placées de manière qu’elles forment
de chaque côté deux ou trois rangées longitudinales.
Leur couleur est jaune, et une bordure brune relève
leurs nuances. Elles se détachent facilement de l’animal
; et lorsqu’elles ne sont pas répandues sur tout le
corps du poisson, les places qu’elles laissent dénuées
* Cyprinus specularis.
Spiegelkarpfen.
Rex cyprinorum : reine des carpes, Bloch, pl, 17»
Reine des carpes, Bonnaterre, planches de VEncyclopédie méthodique*
? Cyprinus coriaceus.
Cyprinus nudus : carpe à cuir. Bloch,
D E S P O I S S O N S # 529
de substance écailleuse, sont recouvertes d’une peau
noirâtre, plus épaisse que celle qui croît au-dessous de
ces lames spéculaires. On trouve les cyprins qui sont
revêtus de ces écailles grandes et luisantes, dans plusieurs
contrées de l’Europe; mais ils sont très-multi-
pliés dans l’Allemagne septentrionale, particulièrement
dans le pays dlAnhalt, dans la Saxe , dans la
Franconie, dans la Bohême , où on les élève dans les
étangs, où ils parviennent à une grosseur très-considérable,
et où leur chair acquiert une saveur que l’on
a préférée au goût de celle de la carpe.
Si les cyprins spéculaires perdoient tous les miroirs
écailleux qui sont disséminés sur leur surface, ils res-
sembleroient beaucoup aux cyprins à cuir. Ces derniers
néanmoins ont la peau plus brune, plus dure et plus
épaisse; ce qui leur a fait donner le nom spécifique que
nous leur conservons. Ces cyprins à cuir vivent en
Silésie, où on peiit les multiplier et les. faire croître
aussi promptement que les carpes. Bloch rapporte que
M. le baron de SierstorpfF, qui en a eu dans ses étangs,
auprès de Breslau, et qui les a très-bien observés, a
vu des cyprins qui par leurs caractères paroissoient
tenir le milieu entre les cyprins à cuir et les cyprins
spéculaires,.et qu’il regardoit comme des métis provenus
du mélange de ces deux espèces*.
* 18 rayons à chaque pectorale du cyprin spéculaire.
a5 à la nageoire de la quÈue.