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au commerce d’immenses bénéfices, est celle qui fait
donner le nom de harengs blancs aux dupées harengs
j)our lesquelles on l?a employée.
Dès que les harengs dont on veut faire des harengs
blancs sont hors de la mer, on les ouvre, on en ote
les intestins, on les met dans une saumure assez chargée
pour que ces poissons y surnagent; on les en tire
au bout de quinze ou dix-hit heures; on les met dans
des tonnes; on les transporte à terre; on les y encaque
de nouveau ; on les place par lits dans les caques ou
tonnes qui doivent les conserver, et on sépare ces lits
par des couches de sel.
On a soin de choisir du bois de chêne pour les
tonnes ou caques, et de bien en réunir toutes les parties,
de peur que la saumure ne se perde et que les harengs
ne se gâtent. -
Cependant Bloch'assure que les Norvégiens se
servent de bois de sapin pour faire ces tonnés, et
que le goût communiqué par ce bois aux harengs fait
rechercher davantage ces poissons dans certaines parties
de la Pologne.
Lorsque la pêche des harèngs a été très^-abotidaOte ^
en Suède , et que le prix de ces poissons ÿ^baisse , on
en extrait de l’huile dont le volume s’élève'ordinairement
au vingt-deux ou vingt-troisième de celui des
individus qui l’ont fournie. On retire cette huile, en
faisant bouillir les harengs dans de grandes chaudières;
on la purifie avec soin; on s’èn sert pour les
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lampes; et le résidu de l’opération qui l’a donnée est
un des engrais les plus propres à augmenter la fertilité
des terres.
Tant de soins n’ont pas été seulement l’effet de spéculations
particulières : depuis long-temps plusieurs
gouvernemens, pénétrés de cette vérité importante,
que l’on ne peut pas avoir de marine sans matelots,
ni de véritables matelots sans de grandes pêches, et
voyant d’un autre côté que de toutes celles qui peuvent
former des hommes de mer expérimentés et enrichir
le commerce d’un pays, aucune ne peut être
plus utile, ni peut-être même aussi avantageuse à la
défense de l’État et à la prospérité des habitans, que
la pêche du hareng, ont cherché à la favoriser de
manière à augmenter ses heureux résultats, non seulement
pour le présent, mais encore pour l’avenir.
Des sociétés, dont tous les efforts dévoient se diriger
vers ce but important, ont été établies et protégées
par le gouvernement, en Suède, en Danemarck, en
Prusse. Le gouvernement hollandois sur-tout n’a jamais
cessé de prendre à cet égard les plus grandes
précautions. Redoublant perpétuellement de soins
pour la conservation d’une branche aussi précieuse
de l’industrie publique et privée, il a multiplié depuis
deux siècles, et varié suivant les circonstances, les
actes de sa surveillance attentive pour le maintien, a-t-il
toujours dit, du grand commerce et de la principale
mine d’or de sa-patrie. Il a donné, lorsqu’il l’a jugé
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