foibles, se laissent entraîner par les eaux, bu vont d’eux-
mêraes reprendre dans l’eau salée une force nouvelle.
Des taches brunes et de petites excroissances répandues
sur leurs écailles sont quelquefois alors la marque de
leur épuisement et du mal-aise qu’ils éprouvent.
Les oeufs qu’ils ont pondus ou fécondés, se développent
plus ou moins vite, suivant la température du
climat, la chaleur de la saison, les qualités de l’eau dans
laquelle ils ont été déposés. Lejeune saumon ne conserve
ordinairement que pendant un mois, ou environ,
la bourse qui pend au-dessous de son estomac, et qui
renferme la substance nécessaire à.sa nourriture pendant
les premiers jours dé son existence. Il grandit
ensuite assez rapidement, et parvient bientôt à la taille
de dix ou douze centimètres. Lorsqu’il a acquis une
longueur de deux ou trois décimètres, il jouit d’assez
de force pour quitter le haut des rivières et pour en
suivre le courant qui le conduit vers la mer; mais souvent,
avant cette époque, une inondation l’entraîne
vers l’embouchure du fleuve.
Les jeunes saumons qui ont atteint une longueur
de quatre ou cinq décimètres, quittent la mer pour
remonter dans les rivières : mais ils partent le plus
souvent beaucoup plus tard que les gros saumons; ils
attendent communément le commencement de l’été.
On les suppose âgés de deux ans, lorsqu’ils pèsent
de trois à quatre kilogrammes. Le tribun Pénières
assure que, même dans les contrées tempérées, ils ne
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fraient que vers leur quatrième orf cinquième année *.
Agés de cinq ou six ans, ils pèsent cinq ou six kilogrammes,
et parviennent bientôt à un développement
très-considérable. Ce développement peut être d’autant
plus grand, qu’on pêche fréquemment en Ecosse et
en Suède des saumons du poids de quarante kilogrammes,
et que les très-grands individus de l’espèce
que nous décrivons, présentent une longueur de deux
mètres.
Les saumons vivent d’insectes, de vers, et de jeunes
poissons. Ils saisissent leur proie avec beaucoup d’agilité;
et, par exemple, on les voit s’élancer, avec la rapidité
de l’éclair, sur les moucherons, les papillons, les
sauterelles, et les autres insectes que les courans cha-
rient ou qui voltigent à quelques centimètres au-dessus
de la surface des eaux.
Mais s’ils sont à craindre pour un grand nombre de
petits animaux, ils ont à redouter des ennemis bien
puissau's et bien nombreux. Ils sont poursuivis par les
grands habitans des mers et de leurs rivages, par les
squales, par les phoques, par les marsouins. Les gros
oiseaux d’eau les attaquent aussi; et les pêcheurs leur
font sur-tout une guerre cruelle.
Et comment ne seroient-ils pas, en effet, très-recherchés
par les pêcheurs? ils sont en très-grand nombre;
leurs dimensions sont très-grandes; et leur chair, surtout
cellé des mâles, est, à la vérité, un peu difficile à
* Notes manuscrites déjà citées»