§ 7 4 H I S T O I R E N A T U R E L L E
On le trouve dans la mer d’Arabie, dans la Méditerranée
, et dans l ’Océan atlantique boréal;.
Le citoyen Sonini raconte, dans l’intéressant ouvrage
qu’il a publié sous le titre de Voyage en Grèce et en
Turquie, que les athérines joëls, nommées alhernos par
les Grecs modernes, se réunissent en bandes très-
nombreuses auprès des rivages des isles grecques.
Lorsqu’on veut les prendre', et que le temps est calm,e,
un pêcheur se promène le long des bords de la mer,
en traînant dans l’eau une queue de cheval ou un
morceau de drap noir attaché au bout d’un long bâtop;
les joëls se rassemblent autour de cette sorte d'appât,
en suivent tous les mouvemens, et se laissent conduire
dans quelque enfoncement formé par des rochers, où
on les renferme par le moyen d’un filet, et où on les
saisit ensuite facilement*.
On pêche une grande quantité de ces athérines dans
les environs de Southampton, qu’ils .fréquentent pendant
toutes les saisons qui ne sont pas très-ifraides,
mais particulièrement pendant le printemps, qui est
le temps de leur frai.
Notre habile et zélé correspondant , le s citoyen .ÎSIoèl
de Rouen, m’a écrit^que fon pêchoit quelquefois, sur
les côtes voisines de Caen, des athérines joëls ; on les
y nomme roserets ou rosets. Elles parviennent rarement
à la ■ longueur d’un décimètre. Elles ont.au-dessus de la
Voyage en Grèce et-en Turquie ^parle-eitoyen’Sorimi, vol. 2 ,p . 209.
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tête une petite crête dentelée, des deux côtés de laquelle
est un sillon dans la cavité duquel on voit deux trous
ou pores différens des orifices des narines. Leur chair
est extrêmement délicate : lorsque le poisson est sec,
elle devient jaune et beaucoup plus transparente que
pendant la vie de l’animal. La raie longitudinale et
argentée reste cependant opaque , et paroît, dit le
citoyen Noël, comme un petit galon d’argent sur un
fond chamois.
Le citoyen Mesaize, pharmacien de Rouen, que j’ai
déjà eu l’avantage de citer dans l’Histoire des poissons,
vient de m’écrire que, dans le port de Fécamp, on
pêche les joëls à la marée montante, vers la fin de
l’été. On leur a donné le nom de prêtre, apparemment
à cause de leur espèce d’étole d’argent. On se
sert, pour les prendre, ou d’un filet désigné par le
nom de carré*, dans le fond duquel on met pour
appât des crabes écrasés, ou d’une grande chaudrette,
nommée hom/nardière, qu’on laisse tomber du haut
d’un mât placé sur le bord du bateau pêcheur.
L’athérine ménidia habite dans la Caroline. Nous
allons la faire connaître d’après une excellente descrip-
* Chaudrette y chaudière j caudretie } caudelette , savonceau 3 différens
noms d'un truble qui n'a pas de manche , que l’on suspend comme le
bassin d’une balance, et que l’on relève avec une petite fourche de bois.
Voyez la description du truble à l’article du misgurne fo s s ile . ■— Le filet
nommé carré est le même que le carrelet décrit dans l’article du cobite
loche»