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descendre, remonter, parcourir l’intérieur du vase
en différens sens, et en troubler le fluide. G est d apres
cette observation qu’il a été comparé à un baromètre ,
et qu’il a été n o m m é baromètre vivant.
Il parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres,
et quelquefois il a montré celle de onze ou
douze. Ayant beaucoup de rapports par sa conformation
extérieure avec la murène anguille, il nest pas
surprenant qu’il puisse facilement, comme cette dernière
, s’insinuer dans la terre molle, et y pratiquer
des cavités proportionnées à son volume ; et c’est ce
qui fait qu’il se retire dans la fange ou dans la vase,
non seulement lorsque le dessèchement des étangs ne
lui permet pas dé demeurer au-dessus de leur fond
privé d’eau presque en entier, mais encore lorsqu’il
veut éviter une action trop vive du froid qui paroxt
l’incommoder. Cette précaution qu’il prend de se renfermer
sous terre lorsque la température est moins
chaude, l’a fait appeler thermomètre vivant, comme
les mouvemens qu’il se donne lorsque le temps est
orageux, l’ont fait désigner par le nom de baromètre
vivant ou animé.
Le misgurne fossile sort de son habitation souterraine
lorsque le printemps est de retour. Il va alors
déposer ses oeufs ou sa laite sur les herbages de son
marais.
Il se nourrit de vers, d’insectes, de très-petits poissons
, et des résidus de substances organisées qu il
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trouve dans la vase. Il multiplie beaucoup ; et néait*
moins il a bien des ennemis à craindre. Les grenouilles
l ’attaquent avec succès, lorsqu’il est encore jeune; les
écrevisses le saisissent avec leurs pattes , et le pressent
assez fortement pour lui donner la mort; les per-
sèques , les brochets, le dévorent; les pêcheurs le
poursuivent. Ils le prennent rarement à l’hameçon ,
auquel il ne se détermine pas facilement à mordre;
mais ils le pêchent avec des nasses garnies d’herbes,
avec des filets, et particulièrement avec la truble *. *Il
* L a truble ou le truble est un filet en forme de poche , dont les bords
sont attachés à la circonférence d’un cercle de bois et de fer, auquel on
ajuste un manche. Un pêcheur qui apperçoit des poissons à une petite
profondeur dans l’eau, passe le truble par-dessous ces animaux, et le
relève à l’instant, de manière qu’ils se trouvent pris dans la poche. On
se sert aussi du truble pour s’emparer des poissons pris dans les bourdigues,
ou pour enlever ceux qui ont mordu à l’hameçon , mais qui par leur poids
pourroient rompre les lignes.
Les bourdigues sont composées de deux cloisons faites avec des pieux
ou des filets 5 ces cloisons convergent vers le courant. On les élève dans
les canaux qui communiquent des étangs dans la mer, pour prendre les
poissons qui veulent regagner l ’eau salée.
Il y a des trublés carrés qui sont plus commodes pour prendre les poissons
renfermés dans des réservoirs particuliêrs.
Ceux que l’on nomme dans quelques endroits étiquettes , ou -pêches ,
sont de petits filets dont la figure est semblable à celle d’un grand capuchon.
L ’ouverture de cette sorte de capuchon est attachée à un cerceau ,
ou à quatre bâtons suspendus au bout d’ une perche. On amorce cet instrument,
avec des vers de terre, qu’on enfile par le milieu du corps , et
qu’on attache de manière que lorsque le filet est dans l ’eau , ils pendent
à un ou deux décimètres du fond. On s’en sert pour pêcher des écrevisses ,
aussi-bien que différentes especes de poisson.
I Le trubleaii est un petit ou une petite truble.