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à Châteaulin, lieu voisin de Brest, et fameux depuis
long-temps par la pêche du saumon , on élève des
digues qui déterminent le courant à se jeter dans une
caisse composée de grilles, et dont chaque face a cinq
ou six mètres de largeur. Au milieu de cette caisse
on voit, à fleur d’eau, un trou dont le diamètre est
de cinq ou six décimètres. Autour de ce trou sont
attachées par leur base des lames de"fer blanc, alon-
gées, pointues, un peu recourbées, qui forment dans
l'intérieur de la caisse un cône lorsque leur élasticité
les rapproche, et un cylindre lorsqu’elles s’écartent
les unes des autres. Les saumons, conduits par le
Courant, éloignent les unes des autres les extrémités
de ces lames, entrent facilement dans la caisse, ne
peuvent pas sortir par un passage que ferment les lames
rapprochées, et s’engagent dans un réservoir d’où on les
retire par le moyen d’un filet attaché au bout d’une
perche. On tend cependant d’autres filetsfle long des
digues, pour arrêter les saumons qui pourroient se
dérober au courant et échapper au piège.
Dans quelques rivières, comme dans la Stolpe et le
Wipper, on construit des écluses dont les pieux sont
placés très-près les uns des autres. Les saumons s’élancent
par-dessus cet obstacle; mais ils trouvent au-
delà une rangée de pieux plus élevés que les premiers,
et ils ne peuvent ni avancer ni reculer.
On prend aussi les saumons dans des nasses de trois
ou quatre mètres de longueur, et faites de branches
de sapin que l’on réunit avec des ficelles, et que l’on
tient assez écartées les unes des autres, pour quelles ne
donnent pas une ombre qui effraieroit ces poissons.
On ne néglige pas non plus de les pêcher à la ligne,
dont on garnit les hameçons de poissons très-petits,
devers, d’insectes, et particulièrement de demoiselles.
Pour mieux réussir, on a recours à une gaule très-,
longue et très-souple, qui se prête à tous les mouvemens
du saumon. Le pêcheur qui la tient, suit tous les efforts
de l’animal qui cherche à s’échapper; et si la nature du
rivage s’y oppose, il lui abandonne la ligne. Le saumon
se débat avec violence et long-temps; il s’élance au-
dessus de la surface de l’eau ; et après avoir épuisé presque
toutes ses forces pour se débarrasser du crochet
qu il a avalé, il vient se reposer près de la ,rive. Le
pêcheur se ressaisit alors de sa ligne, et le tourmente de
nouveau pour achever de le lasser, et le tirer facilement
à lui*.
Lorsqu’on préfère de harponner les saumons, on
lance ordinairement le trident à la distance de douze
ou quinze mètres. Les saumons que le harpon a blessés
sans les retenir, quittent l’espèce de bassin ou de canal
dans lequel ils ont été attaqués, pour se réfugier dans
le canal ou bassin supérieur. Si on les y poursuit et
qu’on les y entoure de filets, ils s’enfoncent sous les
roches, ou se collent contre'le sable, et immobiles
* Notes manuscrites du tribun Pénières.
T OM E y .