Les grandes pêches, si remarquables par le temps
qu’elles demandent, les préparatifs qu’elles exigent, les
arts qu’elles emploient, les précautions qu’elles commandent,
le grand nombre de bras qu’elles mettent en
mouvement, et qui donnent au commerce la morue
des grands bancs, le hareng des mers boréales, le thon
de la Méditerranée, et les acipensères de la Caspienne,
nous offrent de grands exemples de ces moyens composés
que l’on peut regarder comme'formant une quatrième
classe.
Et tous ces moyens si variés, sur quel immense théâtre
ne sont-ils pas employés par l’art perfectionné de la
pêche?
Si, du sommet des Cordillières, des Pyrénées, des
Alpes, de l’Atlas, des hautes montagnes de l’Asie, de
toutes les énormes chaînes de monts qui dominent sur
la partie sèche du globe, nous descendons par la pensée
vers les rivages des mers, en nous abandonnant,
pour ainsi dire, au cours des eaux qui se précipitent
de ces hauteurs dans les bassins qu’entourent ces
antiques montagnes, sur quel ruisseau, sur quelle rivière,
sur quel lac, sur quel fleuve, ne verrons-nous
pas la ligne ou le filet assurer au pêcheur attentif la
récompense de ses soins et de sa peine?
Et lorsque, parvenus à l’océan , nous nous élèverons
encore par la pensée au-dessus de sa surface pour en
embrasser un hémisphère d’un seul coup-d’oeil, nous
verrons depuis un pôle jusqu’à l’autre de nombreuses
escadres voguer pour les progrès de l’industrie, l’accroissement
de la population, la force de la marine
protectrice des grands états, la prospérité générale, et
la renommée des empires. Ah! dans cette moisson de
bonheur et de gloire, puisse ma nation recueillir une
part digne d’elle! puisse-t-elle ne jamais oublier que la
Nature, en l’entourant de mers, en faisant couler sur
son territoire tant de fleuves fécondans, en la plaçant
au centre des climats les plus favorisés par ses douces
et vives influences, lui a commandé dans tous les
genres les plus nobles succès !
Ouels prix attendent en effet, au bout de la carrière,
le pêcheur intrépide! combien d’objets peuvent être
ceux de sa recherche, depuis les énormes poissons de
dix mètres de longueur, jusqu’à ceux qui, par leur petitesse,
échappent aux mailles les plus serrées; depuis le
féroce squale, dont on redoute encore la queue gigantesque
ou la dent meurtrière lors même qu’on est parvenu
à l’entourer déchaînés pesantes, jusqu’à ces abdominaux
transparens et mous qu’aucun aiguillon ne défend;
depuis ces poissons rares et délicats que le luxe
paye au poids de l’or, jusqu’à cesgades, ces clupées et
ces cyprins si abondans et nourriture si nécessaire de la
multitude peu fortunée; depuis les argentines et les
ables, dont les admirables écailles donnent à la beauté
opulente les perles artificielles, rivales de celles que la
Nature fait croître dans l’Orient, jusqu’aux espèces
dont le grand volume, profondément pénétré d’un