individus. Ce sont particulièrement les précautions que
prend un économe habile, lorsqu’il veut retirer d’un
étang qui renferme des carpes, les avantages les plus
grands.
Il établit, pour j parvenir, trois sortes d’étangs ; des
étangs pour lé frai, des étangs pour l’accroissement,
des étangs pour l’engrais.
On choisit, pour les former, des marais ou des bassins
remplis de joncs et de roseaux, ou des -prés dont le
terrain, sans être froid et très-mauvais, ne soit cependant
pas trop bon pour être sacrifié à da> culture des
■ cyprins, Il faut qu’une eau assez abondante pour couvrir
à là hauteur'd’un mètre les parties les plus élevées
décès prés, de ces bassins y de ces marais, puisse
s j réunir, et en sortir avec facilité. On retient cette
eau par une-digue; et .pour lui donner l'écoulement
que l’on .peut desirer, on i creuse dans les endroits les
plus bas’de l’étang lin canal large et profond, qui en
parcourt toute la longueur, et qui aboutit a un orifice
que l’on ouvre ou ferme à volonté.
Les étangs pour le frai ne doivent renfermer qu’un
hectare ou environ; Il est nécessaire que la chaleur du
soleil puisse les;pénétrer : il est donc avantageux qu’ils
soient exposés' à l’orient ou au midi, et qu’on en écarte
toutes sortes d’arbres; il faut sur-tout en éloigner les
aunes, dont les feuilles pourvoient'nuire aux poissons.
Les bords de ces étangs doivent présenter une pente
insensible, et une assez grande, quantité de joncs et
d’herbages pour recevoir les oeufs et les retenir à une
distance convenable de la surface de l’eau. On n’j souffre
ni grenouilles, ni autres animaux aquatiques et voraces.
On les garantit, par des épouvantails, de l’approche des
oiseaux palmés, et on n’en laisse point sortir de l’eau,
de peur qu’une partie des oeufs ne soit entraînée et
perdue. On emploie, pour la ponte ou la fécondation
de ces oeufs, des carpes de sept, de huit, et même
de douze ans; mais on préfère celles de six, qui annoncent
de la force, qui sont grosses, qui ont le dos
presque noir, et dont le ventre résiste au doigt qui le
presse. On ne les met dans l’étang que lorsque la saison
est assez avancée pour que le soleil en ait échauffé
l’eau. On place communément: dans une pièce d’eau
d’un hectare, seize ou dix-sept mâles et sept ou huit
femelles. On a cru quelquefois augmenter leur vertu
prolifique, en frottant leurs nageoires et les environs de
leur anus .avec du c a s t a r é u m et des essences d-’épiceries ;
mais ces ressources sont inutiles, et peuvent être dangereuses
, parce qu’elles obligent à manier et à presser
les poissons pour lesquels ou les emploie.
Les jeunes carpes habitent ordinairement, pendant
deux ans, dans les étangs formés pour leur accroissement
, et on les transporte ensuite dans un étang établi
pour les engraisser, d’où, au bout de trois ans, on peut
les retirer, idéja grandies., grasses ,e,t agréables au goût.
Elles s’j sont nourries, au moins le plus souvent,
d’insectes, de vers., de débris de plantes altérées, de