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lie périt pas sous la glace, pour peu qu’il reste de
l ’eau fluide au-dessous de celle qui est gelée. Il ne
meurt pas non plus lorsqu’il se trouve dans un marais
que l’art ou la Nature dessèchent, pourvu qu il y reste
quelque portion d’eau, quelque bourbeuse quelle
puisse être : il se cache alors dans les trous qu il creuse
au milieu de la fange. On le rencontre souvent dans
les cavités de la terre humide qui faisoit le fond d un
marais ou d’un étang dont on vient de faire écouler
l ’eau. C’est ce qui a fiât croire à quelques auteurs qu’il
s’engendroit dans la terre, et qu’il nalloit dans les
rivières ou les lacs, que lorsque les inondations la t-
teignoient dans son asyle et l’entraindient ensuite^
Mais au lieu de cette fable qui a été un peu accréditée r
et qui lui a fait donner le nom de fossile, il auroit
fallu dire que, d’après tous ces faits, il paroissoit que
le misgurne dont nous parlons, est beaucoup moins
sensible que presque tous les autres poissons, aux
Misgurn , seu fisgurn, et mustela fossüis, TVillugliby, p. 1 18 , et p ,
j 24.
Ici. Raj. p . 6g , n. 6 ; e tp . 70 , n. 9.
Gtojiov. Zooph. p» 56 y n. 2015 Mus. 1 tP» 2 ? w» 7*
Klein, Miss, pisc, 4 , p> % > *5 , fèg. 3.
Mustela fossilis. Âldrovànd. Pisc. p. 579*
Jonston, Pisc. p~ i&^y tab. 281 fig- 3.
Marsil. Danub. 4» p.^>^ytab. i 3 ? fig- i*
Thermometrum vivum. Clauder, Èphem. pal. curios, dec. 2 .a n 6 .p ,
354, oès. 175, ƒ. 71.
Beyszker. Gesn. Thierb. p. 16e.
Peecilia. Schonev. pi '56-»
D E S P O I S S O N S . 19
effets funestes des gaz qui se forment au-dessous de la
glace, ou que produisent les marais qui , au lieu d’eau
courante ou tranquille, ne présentent qu’une sorte de
boue délayée et d’humidité fétide *.
Cependant cet abdominal semble ressentir très-
vivement les impressions que peuvent faire éprouver
aux habitans des eaux, les vicissitudes de l’atmosphère,
et particulièrement les grandes variations que montre
dans certains temps l’électricité de l’air et de la terre.
On a remarqué que , lorsque l’orage menace , ce
misgurne quitte le fond des étangs pour venir à
leur surface, et s’y agite comme tourmenté par une
gêne fatigante ou par une sorte de vive inquiétude.
Cette habitude l’a fait garder avec soin dans des vases
par plusieurs observateurs. On l’a placé dans un vaisseau
rempli d’eau de pluie ou de rivière, et garni,
dans le bas, d’une couche de terre grasse. Qn a eu le
soin de changer la terre et l’eau tous les trois ou
quatre jours pendant l’été, et tous les sept jours pendant
l’hiver. On l’a mis pendant les froids dans une
chambre chaude, auprès de la fenêtre. On l’a gardé
ainsi pendant plus d’un an. On l’a vu rester tranquille
pendant le calme, sur la terré humectée, mais se
remuer fortement pendant la tempête, même vingt-
quatre heures avant que l’orage n’éclatât; monter,