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que c’est à ce savant que nous devons la con'uoisance
du polynème éraoi?
Les côtes riantes de l’isle d’Otahiti, celles de lisle
Tanna, et de quelques autres isles du grand Océan
équinoxial, ne sont cependant pas les seuls endroits
où l’on ait pêché ce polynème : on le trouve en Amérique,
particulièrement dans l’Amérique méridionale;
il se plaît aussi dans les eaux des Indes orientales ; on
le rencontre dans le golfe du Bengale, ainsi que dans
les fleuves qui s’y jettent; il aime les eaux limpides et
les endroits sablonneux des environs de Tranquebar.
Les habitans du Malabar le recherchent comme un de
leurs meilleurs poissons; sa tête est sur-tout pour eux
un mets très-délicat. On le marine, on le sale, on le
sèche, on le prépare de différentes maniérés, au nord
de la côte de Coromandel, et principalement dans les
grands fleuves du Goda vert et du Krisehna. On le prend
au filet et à l’hameçon. Mais comme il a quelquefois plus
d’un mètre et demi de longueur, et qu’il parvient à
un poids très-considérable, on est obligé de prendre
des précautions assez grandes pour que la l'igue lui
résiste lorsqu’on veut le retirer. Le temps de son frai
est plus ou moins avancé , suivant son âge, le climat,
la température de l’eau. Il se nourrit de petits poissons,
et il les attire en agitant les rayons filamenteux
placés auprès de ses nageoires pectorales, comme
d’autres habitans des mers ou des rivières trompent
leur proie en remuant avec ruse et adresse leurs barbillons
semblables à des vers.
D E S . P O I S S O N S . 4 1 5
Sa tète est un peu alongée et aplatie; chacune de
ses narines a deux orifices ; les yeux sont grands et
couverts d'une membrane; le museau est arrondi; la
mâchoire supérieure plus avancée que celle d’en-bas ;'
chaque mâchoire garnie de petites dents; le palais
hérissé d’autres dents très-petites; la langue lisse;
la ligne latérale droite; une grande partie de la surface
des nageoires revêtue de petites écailles; la couleur
générale argentée; le dos cendré; les pectorales
sont brunes, et parsemées, ainsi que le bord des autres
nageoires, de points très-foncés.
Il est bon de remarquer que l’on a trouvé dans les
couches du mont Bolca, près de Vérone’ , des restes de
poissons qui avoient appartenu à l’espèce de l’émoi'.
Le polynème pentadactyle habite en Amérique.
Le rayé, dont les naturalistes ignorent encore l’existence
, a été décrit par Commerson. Sa longueur ordinaire
est d’un demi-mètre ou environ. Ses écailles
sont foiblement attachées. Sa couleur est argentine,
relevée , sur la partie supérieure de l’aniipal, par
des teintes bleuâtres; les pectorales offrent des nuances
brunâtres. Une douzaine de raies longitudinales et
brunes augmentent de chaque côté, par le contraste
qu’elles forment, l’éclat de la robe argentée du polynème.
Le museau , qui est transparent, s’avance 1
1 Ichthyolithologie des environs de Vérone, par le comte de Gazola, etc.
- Voyez notre Discours* sur la durée des espèces.