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dans l’hiver, suivant le climat dans lequel coulent
ces fleuves, les époques où la fonte des neiges, et des
pluies abondantes, en remplissent le lit, et la saison
où elles jouissent dans l’eau douce, avec le plus de
facilité, du terrain qui convient à la ponte ainsi qu’à la
fécondation de leurs oeufs , de labri quelles recherchent,
de l’aliment le plus analogue à leur nature, et
des qualités qu’elles préfèrent dans le fluide sans lequel
elles ne peuvent vivre.
Lorsqu’elles entrent ainsi dans le Wolga, dans l’Elbe,
dans le Rhin, dans la Seine, dans la' Garonne, dans
le Tibre, dans le Nil, et dans les autres fleuves qu’elles
fréquentent, elles s’avancent communément très-près
des sources de ces fleuves. Elles forment des troupes
nombreuses, que les pêcheurs de la plupart des rivières
où elles s’engagent voient arriver avec une grande satisfaction,
mais qui ne causent pas la même joie à ceux
du Wolga. Les Russes, persuadés que la chair de ces
animaux peut être extrêmement funeste, les rejettent
de leurs filets, ou les vendent à vil prix à des Tatares
moins prudens ou moins difficiles. Le nombre de ces
dupées cependant varie beaucoup d’une année à l’autre.
Le citoyen Noël de Rouen m’a écrit que, dans la Seine
inférieure, par exemple, on prenoit treize ou quatorze
mille aloses dans .certaines années, et que, dans d’autres,
on n’en prenoit que quinze cents ou deux mille.
Elles sont le plus souvent maigres et de mauvais
goût en sortant de la mer; mais le séjour dans l’eau
douce les engraisse. Elles parviennent à la longueur
d’un mètre : néanmoins, comme elles sont très-comprimées,
et par conséquent très-minces, leur poids ne
répond pas à l’étendue de cette dimension. Les femelles
sont plus grosses et moins délicates que les
mâles. Dans plusieurs contrées de l’Europe, où on en
pêche une très-grande quantité, on en fume un grand
nombre, que l’on envoie au loin; et les Arabes les font
sécher à l’air, pour les manger avec des dattes.
Lé tribun Pénières dit, dans les notes manuscrites
que j’ai déjà citées, que celles qui passent l’été dans
la Dordogne, sont malades, foibles, exténuées, et périssent
souvent, pendant les très-grandes chaleurs.
Le même observateur rapporte que lorsque ces dupées
fraient, elles s’agitent avec violence, et font un
bruit qui s’entend de très-loin.
Les aloses vivent de vers, d’insectes, et de petits
poissons.
On a écrit qu’elles redoutoient le fracas d’un tonnerre
violent, mais que des sons ou des bruits modérés
ne leur déplaisoient pas , leur étoient même très-
agréables dans plusieurs circonstances, et que, dans
certaines rivières, les pêcheurs attachoient à leurs filets
des arcs de bois garnis de clochettes dont le tintement
attiroit les aloses *. *5
* 8 rayons à la membrane branchiale de la dupée alose.
i 5 à chaque pectorale.
18 à la nageoire de la queue.