La bouvière est un des plus petits cyprins : aussi est-
elle transparente dans presque toutes ses parties. Ses
opercules sont jaunâtres; le dos est d’un jaune mêlé
de verd.; les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne
latérale, qui est noire ou d’un bleu d’acier; la partie
inférieure du poisson est d’un blanc éclatant; la dorsale
et la caudale sont verdâtres; une teinte rougeâtre
est répandue sur les autres nageoires.
La bouvière habite les eaux pures et courantes de
plusieurs contrées de l’Europe, et particulièrement de
l ’Allemagne. On ne la voit communément dans des
lacs que lorsqu’une rivière les traverse. Sa chair est
amère; ses oeufs sont très-tendres,, très-blancs, et très-
petits *.
Le savant naturaliste Boscra vu le cyprin américain
dans les eaux douces de la Caroline. Il nous a appris
que ce poisson a les' deux lèvres presque également
avancées; que les orifices des narines sont très-larges;
que l’opercule est petit; l’iris jaune; le dos brun;
que la partie du ventre comprise entre les ventrales
et l’anus est carenée, et que cet abdominal parvient à
la longueur de deux ou trois décimètres.
Le cyprin américain se prend facilement à l’hameçon,
suivant notre confrère Bosc; et lorsqu’il est très-
jeune , on l’emploie comme une excellente amorce
pour pêcher les truites. Il sert pendant tout l’été à la
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* On compte quatorze côtes de chaque côté de lyépine dorsale du cyprin
bouvière j et cette même épine renferme trente vertèbres..
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nourriture des habitans de la Caroline, quoique sa
chair sente la vase. Il varie beaucoup suivant son âge
et la pureté des eaux dans lesquelles il passe sa vie.
La mer Caspienne est la patrie de l’able, aussi-bien
que les eaux douces de presque toutes les contrées européennes.
Ce cyprin a quelquefois deux ou trois décimètres
de longueur; et sa chair n’est pas désagréable
au goût. Mais ce qui l’a fait principalement rechercher,
c’est l’éclat de ses écailles. L’art se sert de ces
écailles blanches'et polies, comme de celles des argentines
et de quelques autres poissons, pour dédommager,
par des ornemens de .bon g oû t,la beauté que la
fortune a moins favorisée que la Nature, et qui, privée
des objets précieux que la richesse seule peut procurer,
est cependant forcée , par une sorte de convenance impérieuse,
à montrer l’apparence de ces mêmes objets.
Cés écailles argentées donnent aux perles factices le
brillant de celles de l'Orient. On enlève aveoesoin ces
écailles brillantes; on les met dans un bassin d’eau
claire; on les frotte les unes contre les autres ; on répète
cette opération dans différentes eaux, jusq.u a ce que les
lames écailleuses ne laissent plus échapper de substance
colorée; la matière argentée&se précipite au fond
du vase dont on verse avec précaution l’eau surabondante
:*ce dépôt éclatant est une liqueur argentine,
qu’on nomme essence orientale. On mêle cette essence
avec de la colle de poisson; on en introduit, à l’aide
d’un chalumeau, dans des globes de verre, creux,