LE S A LM O N E I L L A N K E N * .
O N connoît sous le nom d'illanken, des salmones que
l’on pêche dans le lac de Constance, et au sujet desquels
M. Wartmann, médecin de Saint-Gai, a fait de
très-bonnes observations. D’habiles naturalistes ont
regardé ces poissons comme une variété du saumon;
mais nous pensons avec Bloch, qu’ils forment une
espèce particulière.
Ces salmones passent l’hiver dans le lac de Constance,
comme les saumons dans la mer. Ils ne quittent
jamais l’eau douce. Ils sont une preuve de ce que nous
avons dit sur la facilité avec laquelle on pourroit multiplier
les saumons dans les lacs entretenus par des
courans limpides. Il ne faut pas croire cependant
qu’ils vivent pendant l’hiver dans le lac de Constance,
par une préférence particulière pour ce séjour, ou par
une convenance extraordinaire de leur nature avec les
eaux qui y coulent. Us y restent, lorsque la mauvaise
saison arrive, parce qu’un obstacle insurmontable les
* Salmo illanken.
Inlanken.
Rbeînanken.
Illanken. Bloch.
Salmo salar ( var. ) illanken. Linné, édition de Gmelin.
m
y retient : ils ne peuvent franchir la grande cascade de
Schafhouse , qui barre le Rhin inférieur, et par conséquent
la seule route par laquelle ils pourroient aller
du lac dans'la mer. Ce lac est l’océan pour eux. Mais
s’ils présentent des signes de leur habitation constante
au milieu de l’eau douce, ils offrent toujours les traits
principaux de leur famille. Ils annoncent par ces caractères
leur origine marine; et ils ne la rappellent pas
moins par leurs habitudes , puisque, n’éprouvant pas,
comme les saumons, le besoin de quitter l’eau salée
pendant la belle-saisdn, ils désertent cependant le lac
de Constance lorsque le printemps arrive, et n’y
reviennent que vers la fin de l’automne. Us remontent
dans les rivières qui se jettent dans le lac. Us entrent
dans le Rhin supérieur.
Us s’arrêtent pendant quelque temps auprès de son
embouchure, parce que, dans cet endroit, il coule
avec rapidité sur un fond de cailloux. Ils vont jusqu’à
Feldkirch, où ils pénètrent dans la rivière d'111, qui leur
a donné son nom ; c’est même dans cette rivière qu’ils
aiment à frajer. Les mâles néanmoins ne remontent
dans son lit que lorsque le temps est serein et que la
lune, éclaire ; de sorte que si le ciel est couvert pendant
plusieurs jours, un grand nombre d’oeufs ne sont pas
fécondés. Us parviennent quelquefois jusqu a Coire et
à Rheinwald; mais ils voyagent lentement, parce que si
le Rhin est trouble, ils s’appuient contre des pierres,
et attendent, presque immobiles, que l’eau ait repris s i