suivant-Bloch, l’Angleterre en a nourri dès 1611 éouS
le règne de Jacques premier.
Le même savant rapporte que M. Oelrichs, bourgue-
maître de Brême, avoit élevé avec succès un assez
grand nombre de cyprins dorés dans un bassin de
douze mètres de long, qu’il avoit fait creuser exprès.
Lorsqu’on introduit ainsi de ces poissons dans un
vivier ou dans un étang où l’on desire de les voir multiplier,
il faut, si cette pièce d’eau ne présente ni
bords unis, ni fonds tapissés d’herbes, y placer, dans le
temps du frai, des branches et des rameaux verds.
Cette même pièce d’eau renferme-t-elle du terreau
ou de la terre grasse? les cyprins dorés trouvent dans
cet humus un aliment suffisant. Le fond du bassin
est-il sablonneux? on donne aux dorés, du fumier, du
pain de froment, et du pain de chènévis. S’il est vrai,
comme on l’a écrit, que les Chinois ne jettent pendant
l’hiver aucune nourriture aux dorés qu’ils conservent
dans leurs jardins, ce ne doit être que dans
les provinces de la Chine où cette saison est assez
froide pour que ces cyprins y soient soumis au moins
à un commencement de torpeur. Mais, quoi qu’il en
soit, il faut procurer à ces poissons un abri de feuillage
dont l’ombre, s’étendant jusqu’à leur habitation,
puisse les garantir de l’ardeur du soleil, ou des effets
d’une vive lumière, lorsque cette chaleur trop forte ou
cette clarté trop grande pourroient les incommoder ou
blesser leurs yeüx.
Préfere-t-on de rapprocher de soi ces abdominaux
dont la parure est si superbe, et de les garder dans
des vases? on les nourrit avec des fragmens de petites
oublies, de la mie de pain blanc bien fine, des jaunes
d’oeufs durcis et réduits en poudre, de la chair de
porc .hachée, des mouches, ou de petits limaçons bien
onctueux. Pendant 1 été, il faut renouveler l’eau de
leur vase, tous les trois jours, et même plus souvent,
si la chaleur est vive et étouffante : mais pendant l’hiver,
il suffit de changer 1 eau dans laquelle ils nagent
tous les huit ou tous les quinze jours. L’ouverture du
vase doit être telle qu’elle suffise à la sortie des gaz
qui doivent s’exhaler, et cependant que les cyprins ne
puissent pas s’élancer facilement pâr-dessus les bords
de cet orifice.
Les dorés fraient dans le printemps, ont une grande
abondance d’oeufs ou de laite, multiplient beaucoup, et
peuvent vivre quelque temps hors de l’eau. Leur instinct
est un peu supérieur à celui de plusieurs autres poissons.
L’organe de l’ouïe est .en'effet plus sensible dans ces
abdominaux, que dans beaucoup d’osseux et de cartilagineux
: ils distinguent aisément le son particulier
qui leur annonce l’arrivée de la nourriture qu’on leur
donne. .Les Chinois les accoutument à ce son par le
moyen d’un sifflet ; et ces cyprins reconnoissent souvent
l’approche de ceux qui leur apportent leur nourriture,
par le bruit de leur démarche. Cette supériorité
d’organisation et d’instinct doit les avoir rendus