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natatoire petite, ovale, jaune en-dehors, blanche en-
dedans , et formée par une membrane très-épaisse.
Le même naturaliste nous apprend que les oeufs
de ces murénophis sont elliptiques et jaunes.
Ces oeufs sont fécondés comme ceux des raies, des
squales et d’autres poissons, par l’effet d’une réunion
intime du mâle et de la femelle, qui, pendant leur
accouplement, semblable à celui des couleuvres, entrelacent
leurs queues et leurs corps déliés. Le témoignage
du citoyen Sonini confirme à cet égard l’opinion
d’Aristote et de Pline; et c’est cette conformité entre
l ’accouplement des couleuvres et celui des hélènes, qui
a fait croire à tant de naturalistes, et persuade encore
aux Grecs modernes, que les serpens s’accouplent avec
ces murénophis qui leur ressemblent par un si grand
nombre de traits extérieurs.
Les oeufs des hélènes étant, fécondés dans le ventre
même de la mère, on doit regarder comme possible,
et même comme très-probable, que dans beaucoup
de circonstances ces oeufs éclosent dans le corps de la
femelle ; et dès-lors les murénophis hélènes devraient
être comptées parmi les poissons ovovivipares *.
Ces^ apodes vivent nop seulement dans .l’eau salée,
mais encore dans l’eau douce. On les trouve dans les
mers chaudes ou tempérées de l’Europe et de l’Amérique,
particulièrement dans.la Méditerranée., et surso
y e z l’article du blennie ovovivipare , etc.
tout près des côtes de la Sardaigne. Ils se retirent au
fond de l’eau pendant que l’hiver règne.
Dans toutes les saisons ils aiment à se loger dans les
creux des rochers. Quand le printemps commence, ils
fréquentent les rivages.
Ils dévorent une grande quantité de cancres et de
poissons. Ils recherchent avec avidité les polypes. Rondelet
raconte que le polype le plus grand et le plus
fort fuit l’approche de la murénophis hélène ; que
cependant, lorsqu’il ne peut éviter son attaque, il
s’efforce de la retenir au milieu des replis tortueux
de ses bras longs et nombreux, de la serrer, de la
comprimer, de l’étouffer ; mais qu’elle glisse comme
une colonne fluide, échappe à ses étreintes, et le déchire
avec ses dents; aiguës.
Les hélènes sont d’ailleurs si voraces, que lorsqu’elles
manquent de nourriture, elles rongent la queue les
unes des autres. Elfes ne meurent pas pour avoir perdu
une partie considérable de leur queue,: non plus que
lorsqu’elles sqnt long-temps hors de l’eau , dont elles
peuvent se passer pendant quelques jours, si la sécheresse
de l’atmosphère n’est pas trop grande, ou si le
froid n’est pas trop violent; mais on a remarqué que
pendant l’hiver elles sont sujettes à des maladies. Plusieurs
de, ces murénophis; ont présenté ^pendant cette
saison, des vessies jaunâtres de diverses formes,,et dont
chacune cpntenoit un ver, sur la tunique externe de
l’estomac, sur la surface extérieure du canal intestinal,