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couleur foncée ; le dessous du corps et les autres nageoires,
blanches ou blanchâtres.
Le rille parvient rarement à une grandeur plus considérable
que celle d un hareng. Il habite dans plusieurs
rivières, et particulièrement dans celle de la Rille, dont
il porte le nom, et qui se jette dans la Seine auprès de
l ’embouchure de ce fleuve.
On l’a souvent confondu avec de jeunes saumons; ce
qui n’a pas peu contribué aux fausses idées répandues
parmi quelques observateurs au sujet de sa conformation
et de ses habitudes. Mais on est allé plus loin : on a
prétendu que ce salmone rille ne montroit jamais ni
oeuf ni laite-, qu’il étoit infécond, qu’il provenoit de la
ponte des saumons qui, ajant en même temps et des
oeufs et de la laite, réunissent les deux sexes; et cette
opinion a eu d’autant plus de partisans, qu’on aime à
rapprocher les extrêmes, et qu’on a trouvé piquant de
faire naître d’un saumon hermaphrodite un poisson
entièrement privé de sexe. Il j a dans cette assertion
une double erreur. Premièrement, il n’j a pas de
poisson qui présente les deux sexes, ou, ce qui est la
même chose, qui ait ensemble et une laite et des ovaires:
nous avons déjà vu que des oeufs très-peu développés
avoient été pris, par dés observateurs peu éclairés ou
peu attentifs, pour une laite placée à côté d’un véritable
ovaire.. Secondement, il est faux que le salmone dont
nous traitons ne renferme ni oeuf ni orgaue propre a
leur fécondation : nous indiquerons au contraire clans
cet article la nature de la laite de ce salmone de la Rille.
Ce poisson .constitue une espèce particulière, dont la
description n’a pas encore été publiée. Nous allons le
faire connoître d’après un dessin très-exact* que le
citojen Noël de Rouen nous a fait parvenir, et d’après
une note très-étendue que ce savant naturaliste a bien
voulu j joindre.
Le salmone rille a la tête petite; l’oeil assez gros; les
deux mâchoires et la langue garnies de petites dents;
l’opercule composé de trois pièces; le bord inférieur
delà pièce supérieure un peu crénelé; la ligne latérale
droite; les écailles ovales, très-petites et serrées;
le dos d’un gris olivâtre; les côtés blanchâtres et
comme marbrés de gris ; le ventre très-blanc ; la première
dorsale ornée de quelques points rougeâtres;
la laite grande, double, ferme au toucher, et très-
blanche; la chair également très-blanches agréable au
goût, et imbibée d’une huile où plutôt d’une géaisse
douce et légère ; la colonne vertébrale composée de
soixante vertèbres, ce qui suffiroit pour séparer cette
espèce de celle du saumon.
Au reste, il aime les eaux froides, comme la truite,
avec laquelle il a beaucoup de rapports.
On trouve dans l’étang deTrouville, auprès de Rouen,
un autre salmone, dont le citojen Noël nous »a communiqué
une description, et à laquelle nous avons cru
devoir conserver le nom spécifique de gadoïde qu’il lui
a donné. «