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des mouvemens aussi prolongés, ils franchissent par
seconde une étendue de huit mètres ou environ'.
On pe sera pas surpris de cette célérité, si l’on
rappellé ce que nous avons dit de la natation des
poissons, dans notre premier Discours sur ces animaux.
Les saumons ont dans leur queue une rame
très-puissante. Les muscles de cette partie de leur
corps jouissent même d’une si grande énergie, que
des cataractes élevées ne sont pas pour ces poissons
un obstacle insurmontable. Ils s’appuient contre de
grosses pierres, rapprochent de leur bouche l’extrémité
de leur queue, en serrent le bout avec les dents,
en font par-là une sorte de ressort fortement tendu ,
lui donnent avec promptitude sa première position,
débandent avec vivacité l’arc qu’elle forme, frappent
avec violence contre l’eau, s’élancent à une hauteur
de plus de quatre ou cinq mètres, et franchissent la
cataracte'. Ils retombent quelquefois sans avoir pu
s’élancer au-delà des roches, ou l’emporter sur la chute
de l’eau : mais ils recommencent bientôt leurs manoeuvres
, ne cessent de redoubler d’efforts qu’après
des tentatives très-multipliées ; et c’est sur-tout lorsque
le plus gros de leur troupe, celui que l’on a nommé
leur conducteur, a sauté avec succès, qu’ils s’élancent
avec une nouvelle ardeur. *
* Voyez le Discours sur la nature des poissons.
* Consultez particulièrement le Voyage de T-wiss en Irlande.
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Après toutes ces fatigues, ils ont souvent besoin de
se reposer. Ils se placent alors sur quelque corps solide.
Ils cherchent la position la plus favorable au délassement
de leur queue, celui de leurs organes qui a le
plus agi; et pour être toujours prêts à continuer leur
route, ou pour recevoir plus facilement les émanations
odorantes qui peuvent les avertir du voisinage
des objets qu’ils désirent ou qu’ils craignent, ils tiennent
la tête dirigée contre le courant.
Indépendamment de leur queue longue, agile et
vigoureuse, ils ont, pour attaquer ou pour se défendre,
des dents nombreuses et très-pointues qui garnissent
les deux mâchoires, et le palais , sur chacun des côtés
duquel elles forment une' ou deux rangées.
On trouve aussi, des deux côtés du gosier, un os
hérissé de dents aiguës et recourbées. Six ou huit dents
semblables à ces dernières sont placées sur la langue;
et parmi êelles que montrent les mâchoires, il j en a
de petites qui sont mobiles. Les écailles qui recouvrent
le corps et la queue sont d’une grandeur moyenne : la
tête ni les opercules n’en présentent pas de semblables.
Au côté extérieur de chaque ventrale, paroît un appendice
triangulaire, aplati, alongé, pointu, garni
de petites-écailles, couché le long du corps, et dirigé
en arrière. Au reste cet appendice n’est pas particulier
au saumon : nous n’avons guère vu de salmone qui
nen eût un semblable ou analogue.
La ligne latérale est droite; le foie rouge, gros et