02.6 H I S T O I R E N A T U R E L L E
L’épine dorsale renferme quarante-six ou quarante-
sept vertèbres, et s’articule de chaque côté avec seize
côtes.
Le barbeau se plaît dans'les eaux rapides qui coulent
sur un fond de eailloux ; il aime à se cacher parmi les
pierres et sous les rives avancées. Il se nourrit de plantes
aquatiques, de limaçons, de verset de petits poissons;
eh l’a vu même rechercher des cadavres. Il parvient
au poids de neuf ou dix kilogrammes. On le pêche dans
les grands fleuves de l'Europe, et particulièrement
dans ceux de l’Europe méridionale. Suivant Bloch, il
acquiert dans le Véser une graisse très-agréable au
goût, à cause du lin que l’on met dans ee fleuve. 11 ne
produit que vers sa quatrième ou sa cinquième année.
Le printemps est la saison pendant laquelle il fraie : il
remonte alors dans les rivières, et dépose ses çeufs sur
des pierres, à l’endroit où la rapidité de l’ëau est la plus
grande. On le pêche avec des filets ou à la ligne ; et on
l’attire avec de très-petits poissions, des vers, des sangsues,
du fromage, du jaune d’oeuf, ou du camphre.
Sa chair est blanche et de bon goût. On assure cependant
que ses oeufs sont très-malfaisans : mais Bloch, je
ne sais pourquoi, regarde comme fausses les propriétés
funestes'qu’on leur attribue.
Nous lisons dans les notes manuscrites du tribun
Pénières, que nous avons, déjà citées plusieurs fois,
que, dans le département de la Corrèze, les barbeaux
cherchent les bassins profonds et pierreux. Au moindre
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bruit, ils se cachent sous les rochers saillans; et ils se
tiennent sous cette sorte de toit avec tant de constance,
que lorsqu’on fouille leur asyle, ils souffrent
qu on enlève leurs écailles, et reçoivent même souvent
la mort, plutôt que de se jeter contre le filet qui entoure
leur retraite, et dans les mailles duquel le rajon
dentele de leur dorsale ne contribueroit pas peu à les
retenir.
Ils se réunissent en troupes de douze, de quinze et
quelquefois de cent individus; lis se renferment dans
une grotte commune, à laquelle leur association doit
le nom de nichée que leur donnent les pécheurs. Lorsque
les rivières qu’ils fréquentent oharient des glaçons *
ils choisissent des graviers abrités Contre le froid, et
exposés aux rajons du soleil; et si la surface de la rivière
se gèle et se durcit, ils viennent assez fréquemment
auprès des trOus qu’on pratique dans la glace,
peut-être pour s’y pénétrer du peu de chaleur que
peuvent leur donner les rajons afloiblis du soleil de
l’hiver.
Plusieurs barbeaux se trouvent-ils réunis dans un
réservoir où ils manquent de nourriture ; ils sucent
la queue les uns des autres, au point que les plus gros
ont bientôt exténué les plus petits*.
* 17 rayons à chaque pectorale dtr cyprin barbèaii,
*9 à la nageoire de la queue#