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amène auprès de leurs rivages, un don précieux de la
Nature !
Honneur à l’industrie éclairée qui a su, par des procédés
aussi faciles que sûrs, prolonger la durée de
cette faveur maritime , et l’étendre jusqu’au centre des
plus vastes cpntinens!
Honneur aux chefs des nations, dont la toute-puissance
s’est inclinée devant les heureux inventeurs qui
ont perfectionné l’usage de ce bienfait annuel !
Que la sévère postérité, avant de prononcer son
arrêt irrévocable sur ce Charles d?Autriche, dont le
sceptre redouté fai soit fléchir la moitié de l’Europe
sous ses lois, rappelle que, plein de reconnoissance
pour le simple pêcheur dont l’habileté dans l’art de
pénétrer le hareng de sel marin avoit ouvert Une des
sources les plus abondantes de prospérité publique,
il déposa l’orgueil du diadêmé, courba sâ têté victo- *7
Fabric. Faun. Groenland. 182.
Clupea maxillâ inferiore longiore , maculis nigris:; çarensi Artedi> gen.
7 , spec. 37 , syn. 14.
Harengus. Gesner [Francf.), p. 408 et 486 \.et'Germ,f. $.
Id . Schonev. p. 36, 37. .V, 1
Id. Jo ns to Jt, lib. ML tit. 1, cap. 1, a,3 , t- i - j f - b j et Thaumat• p .
Id. VFillugTtby, p. 219.
Id. p. io 3.
Harengus flandricus. Aldt'ovand. lib. 3 j.'cap. 10, p. 294.
Hareng. Rondeletj premiere partie y livi-’l > chap. to.
GronoV. Mus. 1 , p.:5 9 n\ 21. ' . ,
Brit. Zoolog. 3., p. 284', n. 1 , t. 17.
Hareng. Valmont-Bomare 3 Dictionnaire d’histoire naturelle.
lieuse devant le tombeau de Guillaume Deukelzoon,
et rendit un hommage public à son importante découverte.
Et nous, François, n’oublions pas que si un pêcheur
de Biervliet a trouvé la véritable manière de saler et
d’encaquer le hareng , c’est à nos compatriotes les
habitans de Dieppe que l’on doit un art plus utile à la
partie la plus nombreuse et la moins fortunée de
l’espèce humaine, celui de le fumer.
Le hareng est une de ces productions naturelles
dont l’emploi décide de la destinée des empires. La
graine du cafejer, la feuille du thé, les épices de la
zone torride, le ver qui file la soie, ont moins influé
sur les richesses des nations, que le hareng de l’Océan
atlantique. Le luxe ou le caprice demandent les premiers
: le besoin réclame le hareng. Le Batave en a
porté la pêche au plus haut degré. Ce peuple, qui avoit
été forcé de créer un asyle pour sa liberté, n’auroit
trouvé que de foibles ressources sur son territoire
factice : mais la mer lui a ouvert ses trésors; elle est
devenue pour lui un champ fertile, où des myriades de
harengs ont présenté à son activité courageuse une
moisson abondante et assurée. Il a, chaque année, fait
partir des flottes nombreuses pour aller la cueillir. Il
a vu dans la pêche du hareng la plus importante des
expéditions maritimes ; il l’a surnommée la grande
pêche ; il l’a regardée comme ses mines d’or. Mais au
lieu d’un signe souvent stérile, il a eu une réalité