places couvertes de verdure, pour y déposer ou leur
laite ou leurs oeufs. On dit que deux ou trois mâles
suivent chaque femelle, pour féconder sa ponte; et
dans ce temps, où les facultés de ces mâles sont plus
exaltées, leurs forces ranimées, et leurs besoins plus
pressans, on les voit souvent indiquer par des taches,
et même par des tubercules, les modifications profondes
et les sensations intérieures qu’ils éprouvent.
A cette même époque, les carpes qui habitent dans
les fleuves ou dans les rivières, s’empressent de quitter
leurs asyles, pour remonter vers des eaux plus tran-
quilles.'Si, dans cette sorte de voyage annuel, elles rencontrent
une barrière, elles s’efforcent de la franchir.
Elles peuvent, pour la surmonter, s’élancer à une hauteur
de deux mètres; et elles s’élèvent dans l’air par un
mécanisme semblable à celui que nous avons décrit
en traitant du saumon. Elles montent à la surface de
la rivière, se placent sur le côté, se plient vers le haut,
rapprochent leur tête et l’extrémité de leur queue,
forment un cercle, débandent tout d’un coup le ressort
que ce cercle compose, s’étendent avec la rapidité
de l’éclair, frappent l’eau vivement, et rejaillissent eu
un clin-d’oeil.
Leur conformation, et la force de leurs muscles, leur
donnent une grande facilité pour cette manoeuvre.
Leurs proportions indiquent, en effet, la vigueur et la
légéreté.
Au reste, leur tête est grosse; leurs lèvres sont
*
(épaisses; leur front est large; leurs quatre barbillons
sont attachés à leur mâchoire supérieure; leur ligne
latérale est un peu courte; leurs écailles sont grandes
et striées; leur longue nageoire du dos règne au-dessuS
de l’anale, des ventrales, et d’une portion des pectorales.
D’ailleurs, leur canal intestinal a cinq sinuosités;
l’épine du dos est composée de trente-sept vertèbres;
et chaque côté de cette colonne est soutenu par seize
côtes.
Ordinairement un bleu foncé paroît sur leur front
et sur leurs joues; un bleu verdâtre sur leur dos; une
série de petits points noirs le long de leur ligne latérale;
un jaune mêlé de bleu et de noir sur leurs côtés;
un jaune plus clair sur leurs lèvres, ainsi que sur leur
queue ; une nuance blanchâtre sur leur ventre ; un
rouge brun sur leur anale; une teinte violette sur leurs
ventrales et sur leur caudale, qui de plus est bordée de
noirâtre ou de noir. Mais leurs couleurs peuvent varier
suivant les eaux dans lesquelles elles séjournent : celles
des grands lacs et des rivières sont, par exemple, plus
jaunes ou plus dorées que celles qui vivent dans les
étangs ; et l’on connoît sous le nom de carpes saumonéescelles
dont la chair doit à des circonstances locales
Une couleur rougeâtre.
Quand elles sont bien nourries, elles croissent vite,
et parviennent à une grosseur considérable.
On en pêche dans plusieurs lacs de l’Allemagne sep