Nous pouvons diviser en quatre classes les instru-
mens ou les moyens qu’il emploie : premièrement, ceux
qui attirent les poissons par des appâts trompeurs, et
les retiennent par des crochets funestes ; deuxièmement,
ceux avec lesquels on les surprend, les saisit et les enlève,
ou avec lesquels on va au-devant de leurs légions,
on les cerne, on les resserre, on les presse, on les renferme
dans une enceinte dont il leur est impossible de
s’échapper, ou ceux avec lesquels ou attend que les
courans, les marées, leurs besoins, leur natation dirigée
par une sorte de rivage artificiel, les entraînent
dans un espace»étroit dont l’entrée est facile, et toute
sortie interdite; troisièmement, les couleurs qui les
blessent, les lueurs qui les trompent, les feux qui les
éblouissent, les préparations qui les énervent, les odeurs
qui les enivrent, les bruits qui les effraient, les traits
qui les percent, les animaux exercés et dociles qui se
précipitent sur eux et ne leur laissent la ressource ni
de la résistance, ni de la fuite;, quatrièmement enfin,
les instrumens qui se composent de deux ou de plusieurs
de ceux que l’on vient de voir distribués dans
les classes précédentes.
Parmi les instrumens de la première classe, le plus
simple est cette ligne flexible, au bout de laquelle un
fil léger soutient un frêle hameçon caché sous un ver,
sous une boulette artificielle, sous un petit fragment
de substance organisée, ou sous toute autre amorce
dont la forme ou l’ocleur frappe l’oeil ou l’odorat du
poisson trop jeune, ou trop inexpérimenté, ou trop
dénué d’instinct, ou trop entraîné par un appétit vorace,
pour n’être pas facilement séduit. Quels souvenirs
touchans cette ligne peut rappeler*! Elle retrace à
l’enfance, ses jeux; à l’âge mûr, ses loisirs; à la vieillesse,
ses distractions; au coeur sensible, le ruisseau
voisin du toit paternel; au voyageur, le repos occupé
des peuplades dont il a envié la douce quiétude; au
philosophe, l’origiue de l’art.
Et bientôt l ’imagination franchit les espaces et les
temps; elle se transporte au moment et sur les rives
où ce roseau léger fait place à ces lignes flottantes ou
à ces lignes de fond si longues, si ramifiées, soutenues
ou enfoncées avec tant de précautions, ramenées ou
relevées avec tant de soins, hérissées de tant de haims
ou de crochets, et répandant sur un si grand espace
un danger inévitable.
Dans la seconde classe paroissent les filets; soit ceux
que la main d’un seul homme peut placer, soutenir,
manier, avancer, déployer, jeter, replier, retirer, ou
qu’on traîne comme les dragues etganguys, après en
avoir fait des manches, des poches et des sacs ; soit
ceux qui, présentant une grande étendue, élevés à la
surface de l ’eau par des corps légers et flottans* main-
* Voyez la description des cordes flottantes , des empiles3 des haims,
des hameçons, des cordespar f o n d / des hauffes ou bouffes, et des pa-
langres, dans l’article de la raie bouclée | celle de la vermille, à l ’article de
la murène anguille ; celle des* lignes et des p ile s , à l’article de la murène
congre et celle du libourot et du grand couple ? à l ’article du sçombre thon•