terre, ou la main du temps, qui l’entrouvre et en écarte
les différentes portions, font découvrir de ces tables
précieuses. On connoît, par exemple, celles que l’on a
trouvées au mont Bolca près de Vérone, non loin du
lac de Constance, et dans plusieurs autres endroits
de l’ancien et du nouveau continent. Mais en vain au-
roit-on sous les jeux ces inscriptions si importantes, si
l ’on ignoroit la langue dans laquelle elles sont écrites,
si l’on ne connoissoit pas le sens des signes dont elles
sont composées.
Ces signes sont les formes des différentes parties qui
peuvent entrer dans la charpente des poissons. C est,
en effet, par la comparaison de ces formes avec celles
du squelette des poissons encore vivans dans 1 eau
douce ou dans l’eau salée, et répandus sur une grande
portion de la surface de la terre, ou relégués dans des
climats déterminés , que l’on pourra voir sur ces tables
antiques, si l’espèce dont on examinera la dépouille
subsiste encore ou doit être présumée éteinte ; si elle
a varié dans ses attributs, ou maintenu ses propriétés;
si elle a été exposée à des changemens lents,‘ou brusquement
attaquée par une catastrophe soudaine; si les
feux des volcans ont joint leur violence à la puissance
des inondations; si la température du globe a changé
dans l’endroit où les individus dont on observera les
os ou les cartilages, ont été enterrés sous des tas pesans,
ou de quelles contrées lointaines ces individus conservés
pendant tant d’années ont été entraînés par un
bouleversement général, jusqu’au lieu où ils ont été
abandonnés par les courans, et recouverts par-des monceaux
de substances ramollies.
Achevons donc d’exposer tout ce qu’il est important
de savoir sur la conformation des parties solides des
poissons; servons ainsi ceux qui se destinent à l’étude
si instructive des poissons fossiles; tâchons de faire
pour l’histoire delà Nature, ce que font pour l'histoire
civile ceux qui enseignent à bien connoître et la matière,
et l’âge, et le sens des diverses médailles *.
Le squelette des poissons cartilagineux, beaucoup
plus simple que la charpente des poissons osseux, a été
trop souvent l’objet de notre examen, soit dans le Discours
qui est à la tête de cette Histoire, soit dans les
articles particuliers de cet ouvrage, pour que nous ne
devions pas nous borner aujourd’hui à nous occuper des
parties solides des poissons osseux. Nous n’entrerons
même pas dans la considération de tous les détails relatifs
à ces parties solides et osseuses. Nous éviterons de
répéter ce que nous avons déjà dit en plusieurs endroits.
Mais pour avoir une idée plus complète de cette charpente,
nous l’observerons dans les poissons du second,
du troisième et du quatrième ordres de la seconde
sous-classe, comme dans ceux qui présentent le plus
grand nombre des parties et des formes qui appartiennent
aux animaux dont nous écrivons Fhistoire.
Voyez le Discours sur la durée des, espèces.